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Santé mentale : un festival pour lutter contre les stéréotypes

Un article rédigé par Matthieu Riolland - RCF Bordeaux, le 28 janvier 2025 - Modifié le 28 janvier 2025
L'invité RégionSanté mentale : un festival pour lutter contre les stéréotypes

Du 22 au 25 janvier, s'est tenu à Niort le festival « À  La Folie, Passionnément », centré sur la santé mentale. De mercredi à samedi, l’événement a été rythmé par des tables rondes, des groupes de paroles ou encore des expositions. Un moyen de favoriser l’entraide et de lutter contre les préjugés.

Gaëlle Decombes (à gauche) et Felicity Sanders (à droite) organisent la première édition du festival « À la folie, passionnément », un événement centré sur la santé mentale © Matthieu RiollandGaëlle Decombes (à gauche) et Felicity Sanders (à droite) organisent la première édition du festival « À la folie, passionnément », un événement centré sur la santé mentale © Matthieu Riolland

À l'initiative de cette première édition du festival, ce sont Felicity Sanders et Gaëlle Decombes. Elles-mêmes touchées par des troubles de santé mentale, elles ont souhaité mettre en avant cette question. 

 

RCF : Comment définissez-vous la santé mentale ?

Felicity Sanders : Je définirai la santé mentale comme un aspect de la santé dont il faut prendre soin, comme tous les autres aspects de la santé. Généralement, on voit souvent ça comme quelque chose de plus complexe ou de plus difficile, alors que pour moi, ça fait partie de la santé.

On voit souvent l'aspect enfermement psychiatrique ou dépression quand on parle de santé mentale, alors que c'est tout un spectre, il y a tout un tas d'aspects. C'est vraiment personnel à chacun et à chacune, la santé mentale. Il n'y a pas de santé mentale type, il y a juste des clichés et des discriminations autour de la santé mentale qu'il faut déconstruire. Mais pour moi, ça dépend de chaque personne, de ce qu'elle dit, et c'est pour ça qu'il faut écouter les personnes autour de leur santé mentale.

 

RCF : L'objectif de ce festival, c'est aussi de lutter contre les stéréotypes ?

Gaëlle Decombes : Oui, il est là [le festival] aussi pour lever les tabous sur la santé mentale et pour aller contre les stéréotypes et ce qu'on appelle aussi la psychophobie. C'est-à-dire cette vision qu'on a de la santé mentale et des personnes qui sont atteintes de troubles. L'idée, c'était aussi justement de remettre les personnes qui ont des troubles de santé mentale au centre du festival pour justement qu'il y ait des partages d'expériences et que ça puisse être des échanges et des accompagnements entre personnes qui sont concernées, parce que c'est comme ça qu'on avance le mieux. 

 

RCF : Pour le festival, il y a eu de nombreux partenaires, notamment des représentants étatiques, comme la région Nouvelle-Aquitaine ou Niort Agglo. Selon vous, est-ce que ça veut dire que l'État prend au sérieux la question de la santé mentale ?

Felicity Sanders : C'est hyper chouette le soutien de la région pour le festival, mais du coup, ce sont des gens qui organisent ce festival. C'est super que des associations viennent chercher, mais c'est un réseau qui n'existe pas et qu'il faut créer. Pour moi, on n'est pas seulement sur un soutien financier, il faut vraiment que ce soit une question qui soit intégrée à la vie politique et sociale de la ville.

C'est hyper chouette d'en parler, mais concrètement, comment on met en place un accompagnement sur la question du rétablissement tous les jours ? Quelle place donne-t-on aux personnes qui souffrent d'un trouble de santé mentale et quelle place on leur laisse et quelle valeur on leur accorde ? Nous, c'est vraiment pour ça qu'on veut se battre. Tous les gens méritent une place dans la société et méritent d'être valorisés. Et du coup, comment on rend cette place aux personnes qui, depuis des années, sont invisibilisées ou marginalisées ?

 

RCF : On parle souvent des déserts médicaux, est-ce que ça se voit aussi au niveau de la santé mentale ?
Felicity Sanders :
Dans tous les domaines médicaux, en ce moment, on voit qu'il y a une réelle problématique au niveau de la santé mentale. Pour être très clair, soit les personnes ont des ressources financières et peuvent avoir accès à des soins payants, et du coup, ce sont des longues listes d'attente, des mois et des mois d'attente, des rendez-vous compliqués à prendre, des trajets très longs et des choses pas adaptées.

Si on veut être dans le domaine public en matière de santé mentale, les gens n'ont pas accès à ce droit fondamental en ce moment. C'est une problématique plus globale, mais je pense qu'on voit moins celle de la santé mentale, puisque justement, on voit la santé mentale juste sous l'aspect trouble psychiatrique, la dépression chez soi, ou le fait de prendre des antidépresseurs chez le médecin. Mais la santé mentale, c'est dans la vie quotidienne, c'est tout le monde, tout le temps. Pour bien vivre, il faut prendre soin de sa santé mentale.

Donc comment faire pour que tout le monde ait accès à cette santé mentale ? Pas seulement les personnes qui ont eu la chance d'avoir des ressources. Financières mais aussi informatives, d’avoir eu accès à cette culture là de la santé mentale, puisqu'elle n'est pas non plus acquise chez tout le monde. Donc, on n'en est pas tous au même point et comment fait-on pour que tout le monde y ait accès ?

 

RCF : Samedi, il y a des animations de sophrologie, d'art-thérapie et d'autres. Est-ce que l’objectif était de donner accès à des soins moins connus ?

Gaëlle Decombes : Sur ce festival, il y avait des temps importants d'accessibilité, on a pu organiser un atelier de percussion, Batucada, avec l'association PepPsy, à la petite cafétéria en psychiatrie. Du coup, 15 personnes, toutes différentes, se sont mises ensemble pour faire un groupe de musique, pour justement montrer qu'il y a plein de façons de travailler sa santé mentale et son bien-être, notamment la musique, l'art, l'aspiration, la méditation. Sauf que ces ateliers ne sont pas toujours accessibles, soit ils sont loin, soit ils sont payants, ou alors parfois on ne se sent pas à sa place. C'est quand même une certaine culture d'aller faire de l'art-thérapie. Si on ne vient pas de cette culture là, ça peut être quelque chose de difficile.

Du coup, samedi matin, on a fait le do it yourself santé mentale. Il n'y a pas que la psychothérapie ou les traitements qui peuvent aider la santé mentale, il y a aussi le fait de prendre soin de soi, de se laisser du temps, de laisser un espace à sa santé mentale. Ça passe par tout un tas de choses, notamment des groupes de paroles, de la sophrologie, de l'art-thérapie.

 

RCF : Le festival s'est terminé par la Mad Pride, la marche des fiertés, où une trentaine de personnes se sont déplacées. Quel était l'objectif de ce dernier moment fort ?

Gaëlle Decombes : Il y avait une volonté de sortir et de se montrer. L'idée, c'était aussi de dire « Ok, on a des troubles de santé mentale, mais on existe, on est là. » Il y a cette idée d'invisibilité qui est toujours un peu présente pour les personnes qui ont des troubles de santé mentale. On les soigne, mais on les cache un peu. Donc, l’objectif, c'était de se dire qu’on peut avoir des troubles de santé mentale, et puis sortir, avec cette idée de fierté, et surtout se dire « je ne veux pas me cacher parce que j'ai un trouble, je veux aussi assumer qui je suis, et puis je ne suis pas tout seul ». On peut être nombreux et nombreuses, et on peut faire la fête ensemble. L'idée de cette Mad Pride, c'était aussi de finir le festival sur une note positive.

RCF Bordeaux
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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