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D’ici 2030, tous les hôtels, cafés et restaurants européens seront dans l’obligation de mettre fin à l’utilisation du plastique à usage unique. Si certains établissements ont déjà franchi le pas, d’autres vont devoir s’adapter au risque de ne plus respecter la réglementation européenne. Concrètement, qu’est-ce que cette interdiction va changer pour les consommateurs ? RCF fait le point.
Le Pacte vert européen progresse. Début mars, les 27 Etats membres se sont accordés sur l’un des textes clés, fondateur de la neutralité climatique à l’horizon 2050. Malgré une pression intense des lobbys, l’Union européenne met fin au plastique à usage unique dans les hôtels, cafés et restaurants d’ici six ans. Cette nouvelle réglementation s’inscrit dans l’objectif d’une réduction de 5 % du volume total des déchets d’emballages, souhaité par l’Europe.
Les cafés et restaurants européens ne pourront plus, d’ici six ans, servir sur place, des poissons et plats dans des contenants plastiques à usage unique. Ils devront utiliser une vaisselle non-jetable, réutilisable, calquée sur le modèle des fast-foods, en vigueur depuis le 1er janvier 2023.
À l’instar de la vaisselle jetable, les petits sachets individuels en plastique, contenant des sauces ketchup ou mayonnaise, seront également bannis. Les établissements devront prendre leur responsabilité et mettront à disposition des distributeurs de sauce communs, accessibles à l'ensemble des clients. “Une bonne nouvelle” pour Muriel Papin, déléguée générale et cofondatrice de l’association No Plastic in my Sea. “On peut très bien se passer de dosettes de ketchup et avoir du ketchup en bouteille”, souligne-t-elle tout en “saluant” le geste.
Les hôtels vont devoir également modifier leurs pratiques et perdre leurs mauvaises habitudes. Les flacons miniatures de savons, de shampoing, ou même les cotons tiges dans des plastiques seront bannis de tous les hôtels européens d’ici six ans.
Une initiative saluée par Brice Sannac, gérant d’un boutique-hôtel de quatre étoiles dans les Pyrénées-Orientales. Lui aussi, a sauté le pas il y a trois mois : “j’expérimente depuis le 1er décembre, non plus les tubes en plastique, mais je suis maintenant sur des petites savonnettes individuelles réutilisables, que les clients peuvent ramener chez eux. Ils sont dans des emballages en carton. On a que des retours positifs là-dessus”, se réjouit celui qui est également président de l’UMIH 66. “Ça n’entrave pas la qualité du produit et c’est plus respectueux de l’environnement”.
J'expérimente depuis le 1er décembre, on plus les tubes en plastique, mais des petites savonnettes individuelles réutilisables
D’autres interdictions ont été mises en évidence par le texte voté par les 27 la semaine dernière. Les films plastiques enveloppant les valises dans les aéroports européens seront interdits, tout comme les emballages plastiques de fruits et légumes. “Une évidence”, pour Muriel Papin, de No Plastic in my Sea.
En revanche, conséquence d’un lobbying intense des industriels, les contenants en papier ou en carton, comme les sachets de sucre ou de sel par exemple, seront encore autorisés. “Il aurait fallu aller plus loin”, déplore Kako Naït Ali, docteure et ingénieure en chimie des matériaux. “Les mesures sont bonnes. Mais il y a d’autres mesures qui doivent être mises en place. Ils ont réussi à se débarrasser du lobbying des fabricants de plastique, il faudrait qu’il fasse la même chose avec d’autres types d'emballages”.
Kako Naït Ali fait référence aux déchets de papiers et cartons, toujours autorisés par l’Union européenne après 2030 dans les hôtels, cafés et restaurants. “L’objectif n’est pas de se débarrasser du plastique, mais bien de réduire un maximum la quantité de déchets”. La production de déchets d’emballages par habitant a augmenté de près de 11 kilos entre 2020 et 2021. Au total, un Européen génère 188,7 kilos de déchets d’emballage chaque année.
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