Nice
Jusqu’à dimanche, se tient la 23e édition de la semaine européenne de la mobilité. Cette année, l’accent est mis sur le partage de l’espace public entre les différents modes de déplacement. Les conflits sont nombreux et le piéton en sort rarement gagnant.
Il est tout en bas de l’échelle : derrière l’automobiliste, le cycliste ou le "trottinettiste". Le piéton reste l’usager le plus ignoré des autres et aussi le plus vulnérable, sans carrosserie et sans casque. La progression des mobilités douces complique la cohabitation de l’ensemble des usagers de la route. "Partager l'espace" c'est le thème de la 23e édition de la semaine européenne de la mobilité.
"C'est toujours difficile lorsqu'on est engagé dans un mode de déplacement, de se mettre à la place des autres et de voir que leur perspective n’est pas la même. Lorsque l’on est à l'arrêt, ou quand on est en mouvement à une vitesse différente, les contraintes et les aspirations des usagers sont très différentes" relève Jean-Baptiste Frétigny, géographe enseignant cherche à Cergy-Université.
Les conflits d’usage tiennent aux difficultés d’articulation entre l’injonction de rapidité pour se déplacer et à l’appréciation par chaque usager de l’espace public ou se joue aussi de nombreuses interactions sociales. A leur décharge, les automobilistes ou les cyclistes sont aussi conditionnés par des décennies d’aménagements urbains et routiers favorable aux usagers les plus rapides.
Le piéton étant le plus lent. Il n’a pas toujours été la priorité des pouvoirs publics. "Le piéton n’est pas toujours pris en compte comme un mode de déplacement, mais plutôt comme un obstacle" rappelle Christian Machu, président de l’association 60 millions de piétons. Il a pu mesurer les difficultés à se faire entendre. "Souvent les élus ou les techniciens pensent que les piétons peuvent se débrouiller ou sont sportifs".
Mais depuis plusieurs années, les choses évoluent. Car on redécouvre les vertus de la marche, c’est le mode de transport le moins polluant. Et puis c’est bon pour la santé contre les maladies liées à la sédentarité. Alors de nombreuses villes développent des plans piétons comme Paris, Lyon ou Strasbourg. On observe une piétonnisation des centres-villes, la création de zone 30 voire de rues aux enfants à proximité des écoles où seuls la marche est autorisée. Pour Jean-Baptiste Frétigny : "le principal levier d’amélioration n’est toutefois pas forcément dans les grandes métropoles" mais dans les banlieues, les villes moyennes et les petits bourgs.
Christian Machu lui plaide pour "une prise en compte globale du piéton" avec par exemple des référents dans toutes les communes pour repérer rapidement les situations délicates pour les piétons. En 2023, 439 piétons ont été tués sur les 3 400 morts répertoriés par la Sécurité Routière. Parmi ces victimes, on trouve une majorité de personnes âgées.
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