Normandie
Du 18 au 25 janvier a lieu la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. En 2025, cette semaine revêt une importance particulière, alors que nous fêtons cette année le 1700e anniversaire du concile de Nicée et que la date de Pâques sera commune à tous les chrétiens. Explications avec le père Nicolas Courtois.
Comme chaque année, en ce mois de janvier, se déroule la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, du 18 au 25 janvier. Décryptage sur cette édition 2025 avec le père Nicolas Courtois, prêtre du diocèse de Coutances et Avranches, chargé de la formation. Il est également professeur à l’Institut normand des sciences religieuses et prêtre biritualiste, c’est-à-dire qu’il célèbre à la fois dans le rite romain et le rite byzantin.
RCF : Le thème de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens est choisi par un pays différent chaque année. En 2025, ce sont les frères et sœurs de la communauté monastique de Bose, dans le nord de l’Italie qui ont préparé le thème : « Crois-tu cela ? » , tiré de l’évangile de Jean. Que vous inspire ce thème ?
Père Nicolas Courtois : Croyons-nous vraiment que l’unité est possible entre nous ? J’accueille cette question de deux manières : croyons-nous en Jésus qui est notre unité profonde et croyons-nous que l’esprit de Jésus peut accomplir en nous l’unité que Dieu veut nous donner ? Pour moi, l’unité n’est pas quelque chose à construire, mais quelque chose à accueillir. Quelque chose qui demandera à chacun un pas, une conversion. Et croyons-nous vraiment que Dieu peut convertir nos cœurs ?
L’unité n’est pas quelque chose à construire, mais quelque chose à accueillir
RCF : En observateur de cette question, quels sont les petits pas de rapprochement qui ont été faits de la part des différentes Églises ? D’ailleurs, y a-t-il une tendance au rapprochement ?
Père Nicolas Courtois : Il y a eu des pas considérables de la part du Pape Paul VI et du patriarche Athénagoras, car ils ont été les premiers depuis la fin des conciles communs à se retrouver entre deux chefs d’Églises. C’était un pas énorme qui a permis un rapprochement entre les Églises. Il y a eu des accords œcuméniques en théologie, notamment sur la question de la nature du Christ qui a pu diviser à de nombreuses reprises. Il y a eu des rapprochements en France entre les communautés. En revanche, je trouve que c’est très difficile de voir la pesanteur des institutions qui freine le désir que beaucoup de chrétiens ont de retrouver l’unité. Quand je me retrouve avec mes frères orthodoxes à Caen, je me sens pleinement chrétien et partageant leur foi. Puisque je célèbre la liturgie de saint Jean Chrysostome comme eux, je serais capable de célébrer avec eux mais, je ne le peux pas, car nos Églises ne sont pas en communion. C’est une blessure, une déchirure que l’on vit, mais je crois que cette blessure est nécessaire pour que l’on continue à agir et à prier pour l'unité.
RCF : Comment comprendre le sens de l’unité ? La pluralité des Églises, est-elle vraiment un problème ?
Père Nicolas Courtois : Je crois que ça a été la plus grande évolution du côté catholique dans la conception œcuménique au 20e siècle. Au début du 20e, l’Église avait tendance à comprendre l’unité comme l’intégration de tous dans l’Église catholique romaine. L’ Église a découvert que cette pluralité était vraiment au service de la catholicité. Quand on confesse l’Église catholique (ce que confessent aussi nos frères orthodoxes qui croient en l’Église catholique), on confesse l’ Église qui réunit dans la diversité des traditions différentes (traditions liturgiques, théologiques, spirituelles), et cette diversité est nécessaire pour que l’on soit vraiment catholique. Le concile Vatican l’a dit dans ses différents écrits : pour être pleinement catholique, l’Église a besoin des expressions de la foi, développées par l’Orient et développées par l’Occident. Pour moi l’unité c’est la communion des Églises qui reconnaissent qu’au-delà des divergences liées à l’histoire et à la culture, la foi est la même. Il y a une communion qui fait qu'on garde nos particularités mais dans une même foi.
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