Le synode sur l'avenir de l'Église a d'abord provoqué de profonds désaccords chez les catholiques français notamment, avant de désintéresser, dans une certains mesure, les fidèles... Toutefois, à l'issue de ces quatre semaines d'échanges, on comprend qu'il aura sans doute permis d'aller au-delà des débats propres aux pays occidentaux. "C’est bien de réfléchir, dit un prêtre libanais, nous sommes dans un autre jeu, dans un autre moment..."
La première session du synode sur l’avenir de l’Église catholique s'achève ce dimanche 29 octobre. Quatre semaines d'échanges qui se sont déroulées dans un contexte de guerre. Depuis l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, le conflit israélo-palestinien s'intensifie. Il met en lumière les préoccupations des Églises catholiques orientales. Des préoccupations éloignées des sujets sensibles dont on débat en Occident, comme le statut des femmes ou l'ordination d'hommes mariés. Au Liban, par exemple, les chrétiens partagent le désarroi et la tristesse de tout un peuple qui tente de survivre.
Dans leur "Lettre au Peuple de Dieu", publiée ce mercredi 25 octobre, les 265 pères et mères synodaux témoignent de ce qu’ils ont vécu. Ils évoquent notamment le contexte dans lequel la session s’est ouverte, le 4 octobre dernier. À peine réunis en effet, les participants ont assisté impuissants au nouvel embrasement du conflit israélo-palestinien. "Notre assemblée s'est déroulée dans le contexte d'un monde en crise, écrivent-ils dans leur lettre, dont les blessures et les inégalités scandaleuses ont résonné douloureusement dans nos cœurs et donné à nos travaux une gravité particulière, d'autant plus que certains d'entre nous venaient de pays où la guerre fait rage."
Parmi les participants, le Père Gabriel Hachem, prêtre de l'Église grecque-melkite catholique d'Antioche, au Liban, et membre du Conseil des Églises du Moyen-Orient. "Il y a un message contre la violence, un rejet de la violence et un appel profond à la paix et la prière", a-t-il noté. "La lettre, dit-il, il faut qu’elle soit un signe d’espérance, non pas seulement pour les baptisés mais pour le monde entier. Nous avons décidé de suivre le Christ ensemble."
Il n’est pas question de qualité de vie chez nous... c’est bien de réfléchir - je ne vais pas dire spéculer - d’être porté sur la réflexion : nous sommes dans un autre jeu, dans un autre moment...
On a beaucoup parlé des sujets sensibles à l’ordre du jour du synode, comme l’e statut des femmes ou la bénédiction des couples homosexuels… Des débats qui semblent très occidentalocentrés, au regard de ce qui se joue au Moyen-Orient. De fait, les Églises orientales se sentent "à la marge". Avec tristesse, le prêtre libanais confie : "Il n’est pas question de qualité de vie chez nous. Nous ne vivons plus, nous ne survivons pas. Depuis quelques années surtout nous luttons pour survivre. Alors c’est bien de réfléchir - je ne vais pas dire spéculer - d’être porté sur la réflexion : nous sommes dans un autre jeu, dans un autre moment..."
Souvent pris dans l’étau de ces conflits régionaux, le Liban retient son souffle. Dans un pays déserté par sa jeunesse, "ce n’est pas une angoisse" que vivent les habitants, "c’est quelque chose d’existentiel de très profond", décrit le prêtre. "Il y a une tristesse profonde qui sert sur nos cœurs parce que l’avenir de cette région, des peuples qui se trouvent là, est entre les mains… de qui ?"
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Au total, 15 Églises catholiques orientales étaient représentées lors de cette première session du synode. Des Églises qui ont l’expérience de la synodalité, mais en Orient, un synode a en effet une véritable autorité, contrairement à l’Église catholique romaine où il n’a qu’une valeur consultative. Ainsi, peu de décisions seront prises à l’issue de cette première session du synode. Et c'est sans doute ce qui suscite un vague désintérêt chez les fidèles catholiques en Occident.
Au sein des Églises catholiques orientales, on ne partage pas le même avis. "Pour nous ce n’est pas la décision, c’est le discernement qui compte", précise le Père Hachem. "Comment sommes-nous aujourd’hui l’Église de Jésus Christ dans cette région du monde ?" Qu’est-ce qui peut venir nourrir la relation "particulière" des chrétiens dans la région, "avec les musulmans et les juifs malgré les moments difficiles que nous avons vécus dans l’histoire".
Ce 25 octobre, les participants du synode se sont retrouvés place Saint-Pierre pour réciter un rosaire pour la paix. Quant au pape François, à l’issue de son audience générale, fait part une nouvelle fois de sa préoccupation devant la guerre qui fait rage entre Israël et le Hamas. Il a invité à se joindre, ce vendredi 27 octobre, à une journée de prière et de jeûne pour la paix.
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