Theostream, un "Netflix de la foi" conçu par le père Matthieu Jasseron, star de TikTok

Une nouvelle terre pour le continent numérique ? Mardi 21 février sera lancée Theostream, la plateforme pensée par le père Matthieu Jasseron pour nourrir la vie spirituelle de chacun. Une sorte de "Netflix chrétien". "Une interface, où l'on va trouver plus de mille vidéos de tous les types de chrétiens, cathos, protestants, orthodoxes, toutes les sensibilités qui essaient de répondre aux cinquante questions qui nous sont le plus régulièrement demandées", développe le curé de Joigny, dans l'Yonne. 

Lien avec la vie réelle

Au-delà de fournir des vidéos à la demande, Theostream offrira un lien avec la vie réelle. Parfois, "on a envie de partir en pèlerinage ou en coopération, et on ne sait pas toujours où trouver", observe le prêtre influenceur. Sur l'interface, l'utilisateur sera orienté, à son souhait, vers des organismes mentionnés dans le contenu vidéo. "Et donc là, au milieu des vidéos, dans les différents thèmes qui sont proposés, on va trouver des associations qui existent, sont référencées et, je crois, ont une compétence que les paroisses d'à côté n'ont pas forcément toujours", présente-t-il. 

C'est promis, Theostream parlera à tous, quel que soit l'état de vie. "Ça va servir aussi bien aux tout jeunes qui viennent de rencontrer Dieu il y a trois mois sur insta", pose le prêtre, "qu'à ceux qui sont chrétiens depuis un peu plus longtemps, et qui aimeraient justement un peu mieux cerner la position des chrétiens sur tel ou tel aspect".

Être disciple missionnaire sur les réseaux sociaux

"C'est fou comme aujourd'hui les jeunes, grâce aux réseaux sociaux, ils découvrent quelque chose qui fait du bien à leur vie, qui les transforment", jubile le père Matthieu, fort de ses 1,2 millions d'abonnés TikTok qui en font le prêtre le plus suivi sur ce réseau. "Sur les réseaux, les jeunes, ils m'épatent. Ils ont quinze ans et je vous jure qu'ils ne se posent même pas la question de savoir ce que c'est qu'être disciple missionnaire : ils le sont", s'émerveille-t-il.  

Le prêtre bourguignon trouve sain que les plateformes numériques soient un lieu de débats, voire de controverses. Frère Paul-Adrien, dominicain très actif sur Youtube, a par exemple contesté certaines de ses affirmations, notamment sur l'homosexualité ou sur le diable. "Si on demandait à dix chrétiens qu'on prendrait à la sortie de n'importe quelle église dimanche, comment ils envisagent la résurrection, je suis sûr qu'on aurait dix formulations assez nuancées, assez différentes", avance-t-il. 

C'est l'échange des points de vue qui stimule la foi. "Sûrement qu'il y en aurait parmi elles qui paraîtraient un petit peu antagonistes, et pourtant je suis assez convaincu que derrière cette apparente polémique, il y a une finesse à creuser, à rechercher pour toujours mieux comprendre ce qu'est cette réalité".

Equipe consultée sans relâche

Parmi ceux qui le suivent sur TikTok, application très prisée des jeunes sur laquelle il partage régulièrement des vidéos, le prêtre se félicite de la variété des parcours. "Plus de cinquante pour cent se reconnaissent comme non-pratiquants ou d'autres religions, et ça, je trouve ça excellent", dit-il. La diversité des profils amène une diversité d'interrogations. "Ça montre qu'en fait ils ont tous soif de grandes questions sur l'existence, le Bien, le Mal, Dieu, les preuves de Dieu", constate-t-il. 

Loin d'improviser ses réponses à ses jeunes abonnés, le père Matthieu s'appuie sur une équipe qu'il consulte sans relâche. "C'est la chance qui m'aide à plein de niveaux, aussi bien à relire des scripts qu'à répondre à des mails et à développer des projets", explique-t-il. Chaque vidéo fait l'objet d'une longue concertation. "On se retrouve toutes les semaines, une heure et demie, deux heures en visio pour essayer de relire ensemble ce que je donne à voir, et vraiment avoir un discernement collectif sur la pastorale qu'on essaie de mener".