Pays du Mont-Blanc
Jour J pour Élisabeth Borne qui présente ce mardi 10 janvier les derniers arbitrages de la très controversée réforme des retraites souhaitée par Emmanuel Macron. Les enjeux sont multiples pour le gouvernement : légitimer le texte à l’Assemblée nationale, tout en évitant une fronde syndicale, alors même que les partenaires sociaux promettent de descendre dans la rue.
La date est notée à l’encre noire sur le calendrier de Matignon depuis des semaines. Mardi 10 janvier, 17h30, la Première ministre Élisabeth Borne dévoile les ultimes contours du brûlant dossier de la réforme des retraites.
Si l’exécutif craint une gronde de la rue, une chose est certaine : il faut bel et bien réformer les retraites. Les spécialistes s’accordent à dire que l’Etat social dans lequel est plongée la France ne permet pas de combler les déficits de ces prochaines années. "La question qui se pose, c’est comment ?", interroge Bernard Vivier, auteur et spécialiste du dialogue social.
C’est peut être le point le plus crispant de la réforme : l’âge de la retraite devrait être repoussé à 64 ans, contre 62 ans actuellement. Un report de l’âge à 65 ans initialement souhaité par l’exécutif n’est donc plus envisagé par le gouvernement. Un minimum retraite à 1200 euros pour tous est également sur la table, tout comme une prise en compte de la pénibilité et des carrières longues. Grande mesure aussi : Matignon compte supprimer les régimes spéciaux qui permettent aux bénéficiaires de partir à la retraite avant l’âge légal.
Les mesures sont fortes et les consultations récentes d’Élisabeth Borne avec les partenaires sociaux n’ont pas vraiment porté leurs fruits. La gronde pourrait venir de la rue dans un contexte social et économique extrêmement tendu.
"C’est le calme avant la tempête. Il peut y avoir une fronde de la rue", affirme Bernard Vivier, auteur et spécialiste du dialogue social. "Les retraites concernent tout le monde et le gouvernement veut s’assurer que le vote au Parlement se fera en accord avec une majorité suffisante". Assouplir et s’ouvrir aux autres groupes politiques de l’hémicycle permet alors à l’exécutif de légitimer le texte auprès des Français. En période d’inflation, et au moment où une fronde syndicale se fait ressentir, Élisabeth Borne souhaite éviter un passage en force en recourant à l’article 49.3.
Depuis les dernières élections législatives, le groupe parlementaire d’Emmanuel Macron ne dispose pas de la majorité absolue dans l’hémicycle. C’est bien le groupe Les Républicains qui a les clés de la navette parlementaire de cette réforme des retraites version Macron. Philippe Gosselin, député LR de la Manche ne "voit pas pourquoi, par opposition systématique, nous irions contre un projet du gouvernement qui, pour une part, recouvre ce que nous avions dit il y a quelques années". Il ajoute cependant vouloir "une vraie justice dans une réforme équilibrée".
De son côté, le député LR du Haut-Rhin, Raphaël Schellenberger n’est pas aussi conciliant. "Un départ à 64 ans n’est pas acceptable. On peut éventuellement discuter de 63 ans", juge le député Les Républicains.
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