Une onzième étape qui a tenu toutes ses promesses
Dès le départ de l'étape, on sent qu'il règne une certaine nervosité au sein du peloton qui s'est légèrement amenuisé après l'abandon de trois coureurs dont le Breton Alexis Renard. Dès le coup d'envoi, les attaques fusent de toutes parts et rapidement six hommes vont prendre le large avec beaucoup de détermination. On note la présence de l'Équatorien Richard Carapaz dont on sait les qualités de bon grimpeur.
La bagarre ne fait que commencer et en tête du peloton, on voit s'émoustiller plusieurs coureurs qui voudraient bien intégrer le groupe de tête. À force de tentatives répétées, quatre français finissent par s'extirper du peloton à leur tour et foncent tête baissée à la poursuite des six hommes de tête. La jonction s'opère assez rapidement et les dix hommes regroupés conjuguent leurs efforts sans rechigner pour tenter de creuser l'écart avec le peloton. Mais à l'arrière, on ne l'entend pas de cette oreille et le parcours qui se profile à mesure des kilomètres condamne irrémédiablement cette échappée au long cours.
On va alors assister à
une véritable passe d'armes entre les quatre premiers du classement général qui se retrouvent rapidement au-dessus de la mêlée. Les difficultés à répétition qui vont conduire les coureurs jusqu'à la ligne d'arrivée sont un véritable détonateur pour les leaders de la course.
Un duel de choc orchestré dans les règles de l'art
C'est alors que le maillot jaune Tadej Pogačar,
fidèle à sa stratégie habituelle, plante une violente banderille et met le feu aux poudres à 31 km de l'arrivée. Son démarrage fulgurant le propulse seul en tête de la course, mais il est suivi à peu de distance par son rival direct, Jonas Vingegaard, qui semble avoir retrouvé toutes ses facultés physiques après sa très lourde chute en début de saison.
Un peu plus loin sans perdre vraiment le contact, Remco Evenepoel et Primož Roglič conjuguent leurs efforts pour limiter la case. En présence des quatre prétendants à la victoire finale, on est sans doute à un tournant décisif pour connaître celui qui pourrait être le futur vainqueur de ce Tour de France 2024.
Très appliqué et confiant, Jonas Vingegaard finit par faire la jonction et rejoindre le maillot jaune Pogacar pour aborder la dernière montée vers la ligne d'arrivée. Pas un regard entre ces deux champions qui se connaissent bien et qui ont déjà croisé le fer à plusieurs reprises. Ils ne se quittent pas d'une roue et on se dirige vers un sprint royal qui va devoir les départager. Vingegaard paraît assez sûr de lui et il aborde le rush final en tête suivi comme son ombre par Pogacar; on s'attend alors à voir le maillot jaune le déborder dans les derniers mètres, mais le danois résiste bien et c'est avec seulement quelques centimètres d'avance qu'il prend le meilleur sur le leader de la course. On peut imaginer que le slovène a peut-être présumé de ses forces en déclenchant les hostilités assez loin de l'arrivée.
Aujourd'hui, la douzième étape entre Aurillac et Villeneuve-sur-Lot, longue de 203 kilomètres, devrait permettre aux coureurs de récupérer un peu après ces premières explications tranchantes sur les routes escarpées du Massif Central. Si les jambes sont encore bonnes,
les sprinters auront encore un rôle à jouer avant d'aborder très vite désormais les mythiques cols Pyrénéens.