330.000 victimes depuis 1950. Il y a un an jour pour jour, ce chiffre a permis de mesurer l’ampleur des abus sexuels commis au sein de l’Eglise, grâce au travail de la commission sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). Un an plus tard, qu’a changé ce rapport dans la vie des victimes, dont certaines ont attendu toute leur vie pour enfin parler ? Réponses de Jean-René Nicoleau, membre du Collectif des victimes de violences sexuelles dans l'Église de Vendée.
Jean-René Nicoleau se souvient parfaitement de ce 5 octobre 2021, jour de la publication du rapport Sauvé par la Commission sur les abus sexuels dans l'Eglise (CIASE). "Ça a été la confirmation officielle que tout ce qui nous était arrivé et était enfoui dans nos mémoires était vrai. On nous croyait enfin", affirme celui qui anime le collectif 85, des victimes de Vendée.
Une étape dans un processus de cicatrisation pour celui qui a été abusé sexuellement dans son diocèse lorsqu'il avait 10 ans et qui a mis 50 ans à parler. Mais la dernière étape de ce processus, c'est la réparation financière qu'il attend. Jean-René Nicoleau a formulé la demande à l'instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (INIRR), née à l'issue du rapport Sauvé. Critiquée pour son délai de traitement de demandes, il lui reste environ 800 à traiter.
"Chaque jour d’attente pour nous est une souffrance, insiste le sexagénaire. Nous n’attendons que cela pour tourner la page, pour passer de victime à témoin. On nous balade de mois en mois et c’est très douloureux pour beaucoup d’entre nous qui sommes désabusés ou en colère." Pour Jean-René Nicoleau, c'est l'ultime étape avant de "refermer le livre". "Les vieux démons seront enterrés", confie-t-il.
Il n'y a pas que l'INIRR qui mette en colère cette victime. Mais aussi la posture de l'Eglise, avec laquelle il a coupé les ponts depuis des années. "Je n’ai pas l’impression que l’Eglise ait pris conscience du rapport Sauvé. Les évêques ne réagissent pas tous de la même façon. Il y a toujours des évêques qui n’ont pas compris. Pour moi c’est une autre planète. Ils sont en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis", conclut Jean-René Nicoleau.
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