Bourges
Il est prêt à faire vibrer de nouveau la cathédrale Saint-Étienne pour les célébrations de Pâques ! Le grand orgue vient de subir d'importants travaux au niveau de la soufflerie, qui date de 1984. Reportage au cœur de l'instrument.
Cela faisait plus d'un mois que les paroissiens ne l'avaient pas entendu chanter dans la cathédrale. Le grand orgue était bien silencieux. Et pour cause : il était en travaux ces dernières semaines. Le chantier de restauration de la soufflerie s'est terminé vendredi dernier, juste avant le début de la Semaine Sainte. L'instrument et ses... 3 500 tuyaux sont fin prêts pour les célébrations de Pâques.
Pour monter au grand orgue, il ne faut pas être trop sujet au vertige, ni à la claustrophobie. Après avoir gravi un escalier, il convient de se faufiler dans des couloirs étroits pour enfin accéder au Graal : le clavier, poste de commande où l'organiste fait chanter l'instrument, perché à 9 mètres du sol. Une position de sentinelle, qui offre une vue imprenable sur l'intérieur de la cathédrale. Mais le chemin ne s'arrête pas là. Reste encore à escalader une petite échelle pour pénétrer dans le véritable cœur de l'instrument : la soufflerie, une forêt de tuyaux, sans faire trop attention aux rainures du plancher qui laisse entrevoir le vide. C'est là que Quentin Requier procède aux derniers réglages et à l'accordage de l'instrument, livrant ses consignes à son apprenti installé au clavier et qui appuie sur les jeux demandés. Le facteur d'orgues s'est occupé des travaux de la soufflerie de l'instrument, qui en avait bien besoin : « On a cinq soufflets qui sont placés derrière l'orgue où les peaux commençaient à s'assécher, et des fuites apparaissaient dans le circuit d'air. Ça peut causer des problèmes de sous-alimentation des tuyaux, et donc des pertes de pression, ce qui fait que l'orgue ne reste pas accordé convenablement. »
Ces problèmes auraient pu altérer le son à long terme, il fallait donc intervenir avant que la situation ne se dégrade. Quentin Requier est venu démonter la soufflerie le 19 février dernier, ensuite direction le Pas-de-Calais : « On a effectué la restauration dans nos ateliers. On a remis des peaux neuves, vérifié l'étanchéité puis on a remonté tout ça. Désormais, le circuit d'air est complètement étanche. La stabilité de l'air et de l'accord seront bien meilleurs ». Et pour les oreilles ? « Il va bien sonner dans la cathédrale ! Ça devrait être très plaisant pour les messes de Pâques. »
Il y en a un qui est content, c'est Augustin Belliot, l'organiste titulaire des orgues de la cathédrale de Bourges, qui retrouve enfin son instrument après un mois et demi d'attente : « Sans une soufflerie efficace et en bon état, forcément l'orgue ne peut pas chanter comme il se doit. Il m'est arrivé au cours de ces derniers mois d'avoir l'impression qu'il y avait un problème de son. C'est une étape très importante qu'on attendait depuis un petit moment. On avait peur que la situation devienne problématique. Les travaux ont pu être faits avant ce moment critique ». Le rôle du musicien n'est pas seulement de jouer durant les différentes célébrations, il doit aussi de surveiller l'état de l'orgue sur lequel il veille avec précaution : « C'est un gros bébé ! C'est une responsabilité et une fierté de s'occuper de l'état d'un si bel instrument dans un lieu aussi incroyable. »
L'orgue résonnera à nouveau dans la cathédrale de Bourges pour la veillée Pascale ce samedi, rendez-vous à 20h. Ces travaux vont aussi bénéficier aux grands noms qui se succèdent derrière le clavier durant le festival "Les Très Riches Heures de l'Orgue en Berry" qui a lieu chaque été à la cathédrale. La prochaine étape pour l'orgue, c'est un dépoussiérage, qui devrait avoir lieu d'ici 3 ans.
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