Cette semaine c’était la rentrée, mais aussi le lancement d’une grande campagne vaccinale dans les collèges de France. Cette année, 800.000 élèves (garçon et fille) de 5e vont se voir proposer le vaccin contre les papillomavirus. Face au danger que ces virus très contagieux peuvent représenter, les autorités sanitaires mettent en avant les résultats convaincants de la couverture vaccinale dans d’autres pays.
Ce sont des virus que peu de gens connaissent mais auxquels 80% des femmes et des hommes sont pourtant exposés au cours de leur vie. Les papillomavirus humains, ces virus aussi appelés HPV se transmettent par simple contact, via la peau ou les muqueuses, le plus souvent aux cours de rapports sexuels.
Et si le préservatif est en règle générale la meilleure façon pour se protéger des maladies sexuellement transmissibles, face aux HPV il ne peut rien « parce que [ces virus se transmettent] par contact cutané », explique le professeur Norbert Ifrah. Pour le président de l’Institut national du cancer, « c’est donc la meilleure façon de s’en prémunir, c’est clairement la vaccination ».
Une prévention d’autant plus importante que les papillomavirus peuvent représenter un véritable danger, en évoluant en lésions précancéreuses et parfois même en cancers. 6400 nouveaux cas de cancers sont provoqués chaque année par ces virus, dont 2900 rien que pour le cancer du col de l’utérus.
Laurence Rouloff, elle, a été contaminée par le virus à la naissance. Depuis ses cinq ans, elle a contracté une papillomatose laryngée, c’est-à-dire une lésion tumorale bénigne située sur ses cordes vocales, qui ont provoqué une perte de voix et de souffle importante et handicapante. Elle se réjouit donc du lancement de cette campagne : « c’est un début de victoire. Si on avait dit à maman de se faire vacciner pour qu’ensuite moi je sois protégée, elle aurait sauté sur l’occasion. C’est pour ça que j’invite vraiment tous les jeunes à se protéger ».
Mais celle qui est devenue présidente de l’association Akuma (pour financer la recherche) le sait bien : le tabou autour de la sexualité ne contribue pas à faire connaître ce vaccin. « Notre travail avec l’association, c’est de le rendre moins tabou. Donc on en parle ouvertement avec les garçons comme les filles […] On fait en sorte de leur dire que ce n’est pas une honte et que plus on en parle, plus on va y arriver », positive-t-elle.
La méconnaissance des papillomavirus et la crainte des vaccins n’ont rien arrangé. Conséquence, la France a pris beaucoup de retard avec une couverture vaccinale qui n’est que de 41,5% chez les filles et 8,5% chez les garçons en 2022. Pourtant, sur les « 300 millions de doses déjà administrées dans le monde et les 6 millions de doses en France, les retours de pharmacovigilance ne donne aucun signal d’inquiétude. Ce n’est pas un vaccin qui a donné lieu à des complications significatives », assure le professeur.
Certains pays où la vaccination a commencé plus tôt sont en train d’éradiquer ces cancers
En plus d’être sûr, ce vaccin s’est révélé comme étant très efficace. « Des pays qui ont commencé quelques années avant nous les vaccinations de masse, et notamment la Suède et l’Australie, sont en train d’éradiquer ces cancers ». Au pays des Kangourous, où la vaccination des filles est recommandée depuis 2007 et depuis 2013 pour les garçons, la couverture vaccinale d’au moins 80% a permis une réduction de plus de 77% des génotypes responsables de la plupart des cancers du col de l’utérus. Des chiffres prometteurs que la France espère bien atteindre à son tour un jour.
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