Haute-Savoie
La pratique de la chasse fait l'objet de débats passionnés et souvent virulents en France. Le collectif Un jour, un chasseur demande notamment l’interdiction de la chasse les mercredis et dimanches et un renforcement des règles de sécurité. Ses membres sont auditionnés ce mardi au Sénat.
"Notre ami Morgan s’est fait tué dans son jardin par un chasseur alors qu’il coupait du bois près de sa maison." Il y a eu Morgan, le 2 décembre dernier, mais aussi "Gaël, Annie, Mark, Samuel, Frank, Marcel, et tant d’autres"... D'après le collectif Un jour, un chasseur, "en 20 ans, les “accidents” de chasse ont provoqué la mort de plus de 400 personnes." Le 5 novembre, c'est un sexagénaire qui a succombé après avoir été blessé au cou alors qu’il était au volant de sa voiture entre Rennes et Nantes.
Pour dénoncer ces "accidents" - le terme est bien mentionné entre guillemets - de chasse, le collectif Un jour un chasseur a lancé la pétition "Morts, violences et abus liés à la chasse : plus jamais ça !". La pétition a recueilli plus de 100.000 signatures. Elle demande l’interdiction de la chasse les mercredis et dimanches, un renforcement des règles de sécurité, un contrôle des armes de chasse et des comportements à risque, un renforcement des sanctions pénales et la reconnaissance des victimes de la chasse par l’État…
Devant le succès de la pétition, une mission conjointe sur la sécurisation de la chasse a été lancée au Sénat. Selon Mila Sanchez et Léa Jaillard, du collectif Un jour un chasseur, c’est déjà une victoire car cela va permettre replacer la question de la sécurisation de la chasse au cœur du débat public avant la présidentielle.
Ce mardi 7 décembre, le collectif Un jour, un chasseur est entendu par les sénateurs. "Le problème c’est qu’il y a des gens armés dans nos campagnes qui n’ont pas les compétences nécessaires en général pour manier une arme, ça provoque des drames, il y a des gens qui meurent", explique Léa Jaillard, auteure d’une tribune dans Libération. Léa Jaillard compte interpeller les sénateurs sur des "homicides" que l’on accepte encore aujourd’hui de banaliser et de considérer comme des accidents". Pour elle, c’est "une aberration".
Du côté des sénateurs, Patrick Chaize, sénateur de l'Ain et rapporteur de cette mission, veut traiter le sujet de façon dépassionnée. "Mon état d’esprit c’est de bien faire en sorte qu’on n’aille pas vers un débat qui serait pour ou contre la chasse. Pour moi ce n’est pas le sujet." Et la question n’est pas non plus celle du bien-être animal mais plus la dimension sociale de la chasse.
Le 20 décembre, les membres de la mission sénatoriale seront sur le terrain dans l’Ain. "On a prévu de participer à une battue au sanglier pour pouvoir justement se rendre compte de comment les choses s’organisent sur le terrain." En outre, la mission auditionnera tout l’écosystème de la chasse pour se faire une idée avant d’écrire un rapport qui sera soumis aux votes des 19 sénateurs membres de la mission. Les sénateurs veulent prendre le temps qu’il faudra et s’affranchir de tout agenda électoral, comme le précise Patrick Chaize. Pas d’agenda fixé pour le moment.
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