Le 25 novembre est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Comment lutter contre les violences sexistes et sexuelles ? Quels moyens ont les victimes pour en sortir ? Sur RCF, on donne la parole à ceux qui accompagnent les victimes et qui agissent au quotidien pour mettre fin à ce fléau.
Marie José Hay est co-présidente de l’association En parler. C’est en 2017, suite à l’affaire Baupin, que Sandrine Rousseau crée cet organisme apolitique et aconfessionnel. Constatant qu’il est difficile de trouver des lieux pour s’exprimer, elle décide avec d’autres de créer un lieu pour la rencontre. D’abord à Lille, Paris et Bordeaux, En parler connaît un développement important et on compte aujourd'hui dix antennes dans l’Hexagone, auxquelles sont venues se greffer depuis septembre des visio-conférences à l’échelle nationale pour les victimes isolées.
"J’ai le droit de trouver une place comme les autres." Les agressions sexistes et sexuelles sont plus nombreuses et plus destructrices qu’on ne le croit. Le mouvement #MeToo a permis de libérer la parole et de donner de la visibilité aux associations de lutte. Conscients qu’il s’agit d’un problème structurel, les membres de l’association En parler mènent un travail de fond. D’abord en permettant aux proches des victimes d’être accompagnés, et ensuite en œuvrant à une meilleure formation des professionnels. Les réactions des médecins, policiers ou avocats "ne permettaient pas à la victime de pouvoir s’exprimer", dénonce l’intervenante. "On a la parole, vous devez nous comprendre", ajoute-t-elle. Expliquer ce "fléau social" des violences sexistes et sexuelles passe par une pédagogie inter-professionnelle et inter-générationnelle. Les générations futures se doivent d'être conscientisées, pour ne pas réitérer et banaliser les violences.
"Une agression sexuelle est un séisme, un tsunami intérieur comme extérieur." Marie-José Hay pointe du doigt les nombreuses séquelles des violences et invite à "prendre la mesure de tout ce que ça impacte : ça va très très loin". Une fois sorties de l’ombre, les victimes doivent mettre des mots sur leurs maux. Mais ce travail est difficile, surtout quand on ne trouve pas d’endroit pour être écoutée.
À l’antenne, les auditrices aussi soulignent l’importance du nécessaire travail de prise de conscience : "nous, victimes, on demande une écoute réelle et de qualité". L’espérance est un moteur qui permet de se défaire de l’emprise psychologique des agresseurs. "On est objet de quelqu’un. On doit s’en défaire..."
Faire disparaître le fossé entre la parole et l’écoute prend du temps et demande de l’investissement. Parmi les outils convoqués, En parler a organisé une exposition qui s’appelle "Que portais-tu ce jour-là ?". Y est dénoncée la mauvaise prise en charge des plaintes, avec des personnes qui mettent parfois davantage la faute sur la victime que sur le coupable. Une réaction qui s’oppose radicalement à la première nécessité des victimes : "On a besoin d’entendre : « je te crois »."
"Entre nous, on se tire vers le haut." Les femmes victimes se stimulent et s’épaulent dans leurs démarches. Se reconstruire est un cheminement qui mobilise du temps et des gens. Les auditrices parlent d’un "parcours du combattant" et soulignent le travail d’associations admirables qui accompagnent de mieux en mieux et de plus en plus loin.
"Cette histoire elle est en nous, elle ne nous quittera jamais", rappelle Marie-José Hay. D’où l’importance de la résilience, et des thérapies cruciales. Certaines se soignent grâce au sport, à l’art, à l’écriture ou au chant, qui "permettent de reconnecter notre corps, notre esprit, notre langage, et d’extérioriser la douleur qu’on a en soi".
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