Comme chaque lundi, Anne Plouy démêle le vrai du faux concernant un préjugé lié à une conviction religieuse ou spirituelle. Cette semaine elle nous parle de l'actualité politique qui n'est pas encourageante. À cette occasion, posons-nous la question : Est-ce qu'accueillir la diversité, c'est renoncer à une partie de son identité ?
Depuis une semaine, ce n’est pas facile. Quand on travaille sur la construction de la paix, sur le vivre-ensemble, l’actualité politique n’est pas encourageante ! Je me suis donc dis qu’il restait un préjugé que nous n’avions pas encore discuté et qui entrait pile dans ce contexte : en accueillant la diversité on renonce à une partie de son identité.
Quand on parle d’accueillir la diversité on fait référence à l'intégration des personnes issues de différentes origines ethniques, culturelles, religieuses et sociales comme par exemple à l'accueil des immigrés. Quand on parle de renoncer, on parle d'abandonner, de perdre quelque chose de précieux ou d’essentiel. Et enfin, quand on parle d’identité on fait référence à l'ensemble des caractéristiques culturelles, historiques, linguistiques, qui définissent une personne ou un groupe. En France, l'identité nationale est souvent associée à des éléments tels que la langue française, la laïcité, les valeurs républicaines, etc.
Historiquement, les sociétés perçoivent les étrangers et les nouvelles cultures comme des menaces potentielles. La psychologie de groupe joue un rôle important, car il est plus facile de se définir par opposition à d'autres groupes, c’est le "nous contre eux." Mais aussi, le manque de contact et de compréhension entre les cultures, ainsi que des expériences négatives isolées, peuvent renforcer les stéréotypes et les idées fausses.
Enfin, depuis une dizaine d'années, la théorie du grand remplacement a été popularisée par l'écrivain et essayiste français Renaud Camus qui avance l'idée que la France et d'autres pays européens subissent un processus de substitution de leur population d'origine par des populations immigrées, principalement musulmanes. Cette théorie est souvent critiquée pour son absence de fondement scientifique mais elle fait tout de même son chemin car elle exploite les peurs et les préjugés liés à l'immigration.
Car cela repose sur plusieurs idées erronées. Tout d’abord, il suggère que l'identité est statique et ne peut pas évoluer ou s'enrichir au contact d'autres cultures, ce qui ignore la réalité que les identités culturelles sont souvent dynamiques et influencées par les interactions avec. Ensuite, il présuppose que les différentes cultures sont intrinsèquement incompatibles entre elles et que leur coexistence est impossible sans conflits ou concessions significatives de part et d'autre. Enfin cette phrase présente une vision binaire où l'on doit choisir entre préserver son identité ou accueillir la diversité, sans envisager la possibilité d'une cohabitation harmonieuse et enrichissante des différences culturelles.
En réalité, l'accueil de la diversité peut mener à une plus grande richesse culturelle, à l'innovation et à la compréhension mutuelle. De nombreuses sociétés ont démontré qu'il est possible de valoriser et de préserver son patrimoine culturel tout en étant ouvert et inclusif envers d'autres cultures. Il existe des sociétés où on parle plusieurs langues, des sociétés où il y a des fêtes religieuses diverses, où chacun est respecté dans ce qu’il est tout en respectant ce que les autres sont.
Non pas forcément, y’a des modèles à continuer à inventer. La laïcité de 1905 était par exemple un modèle inventé pour construire ensemble avec nos diversités. Mais effectivement ce n’est pas le choix de la facilité. Par contre c’est le choix de l’humanité.
Mais aussi, soyons logiques. En tant que chrétienne, c'est pour moi la seule manière de conserver mon identité. Jésus nous a demandé d'accueillir l'autre et de l'aimer comme nous-mêmes. Donc, défendre une vision de société où l'autre n'a pas sa place, par crainte qu'il nous force à renoncer à notre foi, nous fait en réalité perdre notre foi, car nous n’écoutons plus Jésus. Donc, n’oublions pas l’important et dans deux semaines, votons pour que l’autre soit aimé comme nous même.
Une nouvelle chronique pour déconstruire les préjugés.
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