"A la maternité, il n’y a eu aucun problème. C’était un bébé qui prenait bien, qui a très vite pris du poids. J’ai été très heureuse de vivre cette expérience avec mon deuxième, ce qui n’a pas été le cas avec le premier et je n’ai pas regretté ce choix !" Allaiter, pour Sophie, un pur bonheur. Mais est-ce le cas pour toutes ? Des conseils pour bien vivre ce choix très personnel, avec Delphine Saintigny, conseillère certifiée IBCLC en lactation, Agnès Haasser, membre de l’association Galactée et Valérie, qui continue d’allaiter sa fille à presque 22 mois.
Nourrir son enfant au sein. Une pratique ancestrale et naturelle, mais est-elle favorisée aujourd’hui ? Pas vraiment, pour Delphine Saintigny : "Depuis l’après –guerre, il y a eu une grosse promotion pour le lait artificiel, avec de belles affiches montrant un bébé en pleine santé. D’autre part, il y a encore un manque d’informations et de soutien pour éclairer son choix."
Une lacune que confirme Agnès Haasser, au vu des retours reçus à Galactée « En cinq minutes sur internet, elles nous disent en savoir autant qu’un pédiatre sur l’allaitement. Peut-être un peu exagéré, mais pas loin de la réalité." Quant à Valérie, ce sont surtout les témoignages d’amies ayant vécu positivement l’expérience, qui l’ont convaincue, en accord avec son conjoint, de se lancer dans l’aventure.
Mais quels bienfaits prêter à l’allaitement ? D’abord, le lien de complicité et d’attachement avec son bébé. "Téter libère de l’ocytocine", explique la spécialiste en lactation, "l’hormone du bien-être, qui fait que maman et bébé se détendent énormément. Ce qui limite les dépressions post partum et on se rendort même mieux la nuit !" Pour Valérie, c’est un lien aussi "intense et merveilleux" mais qui n’exclut pas non plus son compagnon "Il y a plein de choses qu’un papa peut faire pour soulager la maman. Mais là aussi, il faut les informer."
Autre avantage : le coté santé protecteur de l’allaitement, grâce aux anti corps fournis par la maman. "Cela a été vérifié" confirme Delphine Saintigny. "Mais ça ne veut pas dire non plus qu’il y aura zéro maladies.". Agnès l'a constaté, avec des variantes. Sa première fille, qui n’a pas été allaitée, a eu "plein d’otites", la deuxième, nourrie au sein, a eu son lot d’angines et le troisième commence aussi des otites. "Des infections généralement moins graves et une meilleure immunité qui se prolonge tant que dure l’allaitement." précise la conseillère en lactation.
L’allaitement, une solution aussi pratique qu’économique ? L’aspect financier n’est pas rentré en ligne de compte pour Valérie. C’est plus le côté pratique qu’elle met en avant : "On part en week end, on n’a pas besoin de prendre le biberon, l’eau, le goupillon pour nettoyer." Agnès confirme : "Pas de vaisselle de biberon à deux heures du matin. On se rendort tout de suite. Et ça réduit considérablement la charge mentale des mamans !"
Des bénéfices à allaiter, mais aussi des freins. A commencer par des douleurs, courantes dès les premiers jours, liées à une hyper sensibilité des mamelons. "C’est un bébé qui pince trop ou qui n’ouvre pas suffisamment la bouche." explique Delphine Saintigny. Une situation qui peut se résorber en améliorant la position pendant la tétée, comme celle dite "en transat" avec une maman en position inclinée et un bébé qui vient naturellement au sein.
Autre crainte : celle de ne pas savoir si son enfant va prendre suffisamment de poids à chaque tétée. "Il y a beaucoup de pression là-dessus, reconnait Delphine Saintigny. D’autant que la montée de lait n’intervient pas avant J 2, voir J 5 après la naissance. Mais il faut faire confiance à son bébé et à la maman." Et Agnès d’aller dans ce sens : "Soit on met la pression sur la mère pour que le bébé tête plus. Et ça ne marche pas, car elle a besoin de confiance et de soutien. Soit on va voir comment la maman allaite et revoir la conduite de l’allaitement. Mais mettre la pression sur une mère qui allaite, c’est la meilleure façon de faire rater son allaitement !" affirme la bénévole de Galactée.
Souvent, les femmes arrêtent au moment de la reprise du travail. Or la loi autorise à tirer son lait une heure par jour. Ou deux demi-heures. "Mais ce ne sont pas des temps rémunérés." souligne Delphine Saintigny. "Il faut donc travailler en plus pour rattraper ce temps." Et généralement, en entreprise, il n’y a pas non plus de lieu dédié à cette pratique : "J’entends souvent des mamans me dire qu’elles font dans les toilettes." déclare Valérie. De même qu’il n’y a pas toujours des endroits réfrigérés pour conserver le lait. Toute une organisation donc à prévoir qui peut freiner cette envie de prolonger l’allaitement.
En dehors de ces contraintes, y-a-t-il un âge pour arrêter ? L’OMS, Organisation Mondiale de la santé, recommande un allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois avant de commencer la diversification alimentaire. Mais rien n’empêche de prolonger. Le cas de Valérie, qui continue d’allaiter sa fille à presque deux ans, à raison de deux tétées par jour. Une exception que certains pourront qualifier d'"étrange" ... Et pourtant, "il y a encore des enfants qui prennent des biberons à 4 ans." constate-t-elle "Alors pourquoi allaiter choquerait-il plus ? " Et Delphine Saintigny de rajouter : "Donner le sein, ce n’est pas seulement nourrir, mais aussi rassurer, pour faire tomber une douleur, comme une chute par exemple." Pas de jugement non plus pour Agnès Haasser. "Quelque soit son choix pour l’allaitement" estime-t-elle "On reste la meilleure qui soit pour son enfant."
Pour aller plus loin :
Association française des consultantes en lactation https://www.consultants-lactation.org/annuaire-des-consultantes-en-lactation-ibclc/
Association Galactée : https://www.galactee.org/
Association "La cause des parents" : https://lacausedesparents.org/
A noter : On peut également effectuer un don en lait maternel pour des prématurés. Un geste généreux et solidaire. Renseignements sur le site des lactariums de France. https://association-des-lactariums-de-france.fr/
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