Depuis quelques années en France, une tendance est à la célébration du féminin. Ça passe notamment par des cercles de femmes, des rassemblements réguliers durant lesquels des femmes tous horizons pratiquent différentes activités, à la frontière de l’art thérapie, de la spiritualité et de la psychologie. Qu’est-ce qu’on fait dans ces cercles de femmes ? Pourquoi cette tendance dans une société où le féminisme n’est - presque - plus un gros mot ? Réponses de Camille Sfez, psychologue clinicienne et formatrice, qui anime des cercles de femmes depuis 10 ans. Elle est l’auteure de "La puissance du féminin - Libre, sereine et sacrée : renouez avec vos forces profondes" (éd. Le duc, 2018) et de "Vulnérable - S’émerveiller d’une sensibilité retrouvée" en 2021.
Camille Sfez a lancé en 2011 La Tente Rouge de Paris. Et depuis 10 ans, elle anime ces cercles de parole. "On se retrouve entre femmes pendant quelques heures, parfois pendant une journée, parfois simplement pour parler." Symboliquement, les participantes se réunissent au moment de la nouvelle lune, "le moment où la lune nous invite à nous tourner vers l’intérieur".
Le mouvement des tentes rouges est apparu aux États-Unis, après la parution en 1997, du roman "The Red Tent", d'Anita Diamant, inspiré de la Bible. Le mouvement s'inspire "des espaces où, traditionnellement, les femmes se retrouvaient entre elles quand elles avaient leur règles". Il existait en effet dans certaines civilisation antiques de la Méditerranée des huttes de menstruation. "On retrouve ça aussi dans la tradition amérindienne, explique Camille Sfez, où, pendant trois jours et trois nuits, les femmes quittent la communauté pour se reposer et pour se relier à leur intuition et à ce qui se passe à l’intérieur."
Dans certains cercles de femmes, on ne fait que parler, mais on peut danser, faire des rituels, prier, réaliser un objet dans lequel on va mettre une intention… L'idée est de "sacraliser, d’une certaine manière, le temps qu’on va passer ensemble, par exemple en faisant brûler de la sauge, qui est une plante qui va nettoyer l’aura et du coup faire comme une frontière énergétique du cercle." Des activités qui, pour Camille Sfez, se rapprochent de l’art thérapie, où on "fait quelque chose avec une intention", mais qui peuvent avoir un côté new age, admet-elle. "Mais parfois il s’agit simplement de s’asseoir ensemble et d’être à l’écoute de ce qui est là, de ce qui est en train de se dire."
Les cercles de femmes ont pour objectif premier le ressourcement. Camille Sfez insiste sur l'importance de "quitter tous nos rôles et tous nos masques sociaux qu’on pourrait avoir pour revenir à une parole vraie." Mère, épouse, sœur, amie… On a tous "une manière d’être en lien avec les autres un peu de surface". "La plupart du temps quand même dans nos relations sociales on est dans des rapports où on va jouer notre rôle, tout simplement la belle carte de visite qu’on va tendre au monde."
Pour quitter nos rôles et éviter ce qui relève du bavardage, les femmes qui participent à ces cercles suivent des règles de communication : confidentialité des propos échangés, pas de conseils, ni de commentaires ou de comparaison. L'authenticité de l'échange passe aussi par une reconnexion au corps et aux émotions. "Pour pouvoir parler, dire ma vérité, partager l’intime il faut que je sois en contact avec mes émotions, avec ce que vit mon corps." Pour Camille Sfez, ce type d'échanges "permettent de se rendre compte que j’ai une vie beaucoup plus riche que ce que je croyais !"
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