La campagne présidentielle a débuté alors que l'école subit encore les conséquences de l'épidémie de Covid-19. Des parents et des enseignants épuisés, des élèves perturbés. L'éducation un sujet essentiel pour tous les candidats. Mais à l'heure d'internet, comment transmettre les savoirs fondamentaux ? Entre pédagogies alternatives et méthodes traditionnelles, que faut-il choisir ?
Pour Agathe de Miniac, enseignante d'histoire-géographie en collège et auteur du livre "Cœur de Prof – Ils m’ont tout appris" (éd. Nouvelle Cité, 2021), les enfants sont proactifs et autonomes dans l’acquisition du savoir : "Je fais une pédagogie alternative issue de la pensée de Maria Montessori. Quand l’enfant a envie d’apprendre, il apprend tout seul. Arrêtons de penser qu’il faut l’instruire et l’obliger." Dans sa classe, pas de cours magistraux mais des ateliers où les enfants travaillent seuls avec du matériel qu’elle a conçu pour eux.
À l'inverse, Alphonse Vanderheyde, professeur de philosophie en lycée croit à "l’instruction et à l’éducation, par lesquelles les enseignants donnent des repères et des valeurs tout en transmettant les savoirs fondamentaux". Il ajoute que "l’auto-éducation mène souvent à une auto-indiscipline : on ne peut pas demander l’avis de l’élève sur tout !"
Frère Benjamin, prêtre salésien et directeur d'un collège, partage le même avis. Dans son collège, la transmission et le cadre sont des priorités : "Il faudrait revenir sur des choses basiques : lire, écrire et compter..." Mais pour lui, une école c’est aussi "une maison où on vit un esprit de famille et une chapelle où on essaie d'éveiller à la foi". Il a notamment créé un conseil de direction des élèves pour les faire participer à l’écriture du projet pédagogique de l’établissement.
Accompagner un élève vers la réussite, c’est "l’aider pour qu’il obtienne son diplôme. Mais le but de l’éducation, c’est aussi de le former à devenir lui-même un éducateur, un travailleur, un adulte qui prend des responsabilités dans la société", selon le professeur de philosophie. Agathe de Miniac place plutôt le bonheur au centre de sa pédagogie : "Réussir sa vie, c’est tout simplement être heureux et trouver sa place dans le monde. J’ai vraiment confiance en les enfants car ils sont faits pour ce monde-là."
Penser la réussite dans une démarche plus spirituelle est aussi possible selon Frère Benjamin : "Ce qui est important, c’est le salut de l’âme, donc réussir sa vie éternelle." En responsabilisant ses élèves, il souhaite leur inculquer le don de soi et leur donner confiance en eux. Ces initiatives, il les fait vivre dans les interstices, en dehors des heures de classe.
Bernard, un auditeur originaire de Gironde nous a fait part de ses réflexions : l’école actuelle est le reflet de notre société où la place du savoir recule. Pour Agathe de Miniac, la société évolue et les pratiques pédagogiques avec elle : "Il faut aller dans le sens du courant, le monde actuel c’est leur monde. Aujourd’hui les jeunes lisent, mais pas forcément ce que nous lisions quand nous avions leur âge."
Alphonse Vanderheyde invite chacun à se questionner sur l’impact des réseaux sociaux qui freinent l’apprentissage : "Le portable détruit le savoir et l’édifice de l’école. Dans ce monde hyper connecté, il faudrait une éducation au portable." Cette éducation, il la fait lui-même auprès de ces élèves.
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