"Immortelle", "grande dame", "femme impressionnante", "un regard extraordinaire". Depuis vendredi 30 juin et la mort de Simone Veil, les hommages pleuvent. Une pétition en ligne qui la réclame au Panthéon a déjà recueilli plus de 140.000 signatures. Mercredi 5 juillet, une cérémonie aux Invalides lui sera consacrée.
Simone Veil, née Jacob, déportée à 16 ans à Auschwitz aura porté toute sa vie la marque de cette terrible épreuve, comme le matricule 78651 tatoué sur son bras gauche. Comme disait le Père Patrick Desois qui l'a bien connue, "elle n'a jamais quitté Auschwitz". Avec elle, c'est l'une des dernières rescapées de la Shoah qui s'en va. Dans ce départ c'est aussi un devoir de mémoire qui se joue. Et le danger de croire que l'Europe est à jamais préservée des dérives. C'était le combat de Simone Veil, l'un de ses combats nombreux.
L'avortement reste pour certains catholiques un point délicat dans l'image qu'ils gardent de Simone Veil. La loi de 1974, parfois "conçue comme une œuvre de mort" est cependant une loi de "dépénalisation et non de légalisation", souligne Dominique Quinio. Une loi qui visait à venir en aide aux femmes désemparées avant tout.
En faire une militante féministe reste réducteur pour une femme plus complexe qu'on ne le croit. Elle donnait parfois l'image d'une femme froide, distante. Elle était aussi "une grande amoureuse capable d'une immense tendresse", nous dit Sarah Briand, auteure de "Simone, éternelle rebelle" (éd. Fayard, 2015) et du documentaire "Simone Veil, l'instinct de vie", rediffusé sur France 2 au soir de sa mort.
Elle a longtemps gardé ses souffrances pour elle-même. Simone Veil c'est cette femme qui dès 1945 a construit une famille, elle qui venait de perdre la sienne dans les camps de la mort. Magistrate, elle est aussi cette femme de droit qui avait compris que la Justice pouvait être "un des lieux de réparation du monde", explique le P. Guggenheim.
Comme elle le disait, ceux de sa génération n'avaient pas le choix: il fallait bâtir la paix. Simone Veil aura été une combattante de la construction européenne. Pour qui n'a pas subi le drame de la déportation, il est difficile d'imaginer la profondeur d'une telle démarche, c'est le signe "d'une résistance intérieure extraordinaire", rappelle Dominique Quinio. Pour comprendre qui est Simone Veil, "c'est ce fil qui faut suivre". "C'est une femme, qui dans sa double expérience de femme et de mère et de survivante de la Shoah veut construire l'Europe, les trois sont entièrement unis dans sa personnalité", nous dit le P. Antoine Guggenheim.
Avec Helmut Kohl et Simone Veil, deux grands européens nous quittent. Ils nous laissent l'Europe en héritage, continuons à la construire! pic.twitter.com/inIWI2N7jr
— Isabelle Jégouzo (@IJegouzo) 1 juillet 2017
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