Si depuis quelques années on observe une tendance de retour à la terre, ce que l’on sait moins c’est que les métiers d’arts et d’artisanat attirent eux aussi de nouveaux profils, notamment d’anciens cadres, des salariés ou de jeunes diplômés. Ils quittent leur bureau ou leur clavier pour travailler la matière, s’éloignent des logiques du marché mondialisé pour s’inscrire dans le local, s’affranchissent d’une organisation souvent verticale des entreprises pour devenir leurs propres chefs.
De la finance à la couture, de la communication à la céramique, du marketing à la menuiserie, les "reconvertis" sont à la recherche de concret. Leur motivation répond souvent à une quête de sens. Majoritairement diplômés de l’enseignement supérieur, leur reconversion vient aussi en moyenne sur le tard dans la trentaine ou la quarantaine, suite à un projet mûrement réfléchi. Ils quittent alors leurs emplois, parfois dans des grands groupes, dans l’optique de se réaliser, de s’émanciper. Et surtout, ce retour vers l’artisanat est animé par des valeurs de liberté, de frugalité et d’indépendance.
Ces reconversions sont aussi une manière de repenser le système de valeurs du monde du travail, en tentant d’effacer l’opposition entre « manuel » et « intellect ». Et le travail de la matière leur permet de maîtriser l’ensemble du processus de production, en apportant des solutions à certains problèmes socio-économiques et écologiques, car ils s’inscrivent souvent en opposition aux dérives de modes de productions industrielles et le mode de vie consumériste.
Car lorsqu’on fabrique un objet de A à Z, on s’attarde sur la provenance des matières. Par exemple, un artisan qui travaille le cuir va savoir d’où provient une peau, et comment elle est liée à un autre maillon de l’économie, ici l'agriculture. Beaucoup de néoartisans reviennent à ces métiers parce qu’à travers la matière, on maintient un autre lien au monde, plus tangible. D'où l'importance pour de nombreux néo-artisans de s’inscrire dans du local pour jouer un rôle précis sur un territoire donné.
Et dans la mouvance de solutions écologiques, les néo-artisans sont aussi nombreux à choisir des matières récupérées pour les surcycler. Ils peuvent ainsi fabriquer des meubles sur mesure avec des palettes, des sacs à partir de vieux draps ou encore des pneus pour en faire des ceinture. Cette pratique d’upcycling (ou surcyclage), devient même centrale chez certains. Et cette démarche écoresponsable est tout à fait compatible avec la transmission des savoirs.
Les néo-artisans, mêlent savoirs traditionnels et modernité, ils utilisent les nouvelles technologies et sont de plus en plus nombreux à intégrer des coopératives de production, avec une mutualisation de biens, de machines où ils se retrouvent dans des ateliers partagés, ou ce que l’on appelle des FabLab, des manufactures solidaires et collaboratives. Cette revalorisation du néo-artisanat propose ainsi de nouvelles manières de travailler, plus respectueuse de l’humain et de la planète.
Kaizen est un magazine "explorateur de solutions écologiques et sociales". Une chronique à retrouver tous les mardis à 10h55 dans Je pense donc j'agis.
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