Quelle est la place de la politique dans l’histoire de l’Église catholique ? Que nous enseigne l’histoire des papes sur les liens entre religion et politique ? Le sociologue spécialiste des religions Olivier Bobineau y répond en publiant une bande dessinée. Dans "L’incroyable histoire de l’Église" (éd. Les Arènes), il revient sur 20 siècles de combat permanent entre la mystique et la politique. De tensions entre l’agapè, ou l’amour sans condition enseignée par Jésus, et la stratégie mise en œuvre pour défendre l’institution.
Un combat entre la mystique et la politique, une tension perpétuelle entre l’enseignement de Jésus et ce que l’Église catholique en a fait : c’est ainsi qu’Olivier Bobineau interprète l’histoire de l’Église. Comme une tension constante entre "paix et guerre", "grâce et violence", "agapè et stratégie politique"… Avec sa bande dessinée "L'incroyable histoire de l'Église" (éd. Les Arènes) Olivier Bobineau, sociologue spécialiste des religions, cherche à raconter 20 siècles d'histoire de l'Église.
L’histoire de l’Église est si foisonnante qu’Olivier Bobineau compare son ouvrage à "une petite encyclopédie politique", mais aussi "religieuse, sociologique, économique, sociale, culturelle, et même artistique". Son objectif avec cette BD, illustrée par Pascal Magnat, c'est de "rendre possible à la compréhension, pour les lecteurs, les 4.500 livres qui se promènent dans [son] esprit". C'est aussi "l'envie de rendre accessibles 20 années de travail académique et scientifique".
Autour de 500, le pouvoir du pape s’est "théorisé". La BD montre bien comment le rôle des papes s’est construit. Comment ceux-ci sont devenus "responsables du salut des personnes, mais également du salut des rois, c’est-à-dire y compris des États", explique Olivier Bobineau.
En faisant de la religion un instrument politique, certains papes ont commis des excès. Le sociologue cite l’exemple du concile cadavérique, le procès posthume du pape Formose par son successeur, au IXe siècle. "Étienne VI a déterré son prédécesseur pour l’empaler et le juger au nom du Dieu Amour." Il reprochait au pape Formose de s’être libéré de la tutelle de l’aristocratie romaine…
"À partir du concile de 909, les moines vont dire ça suffit, on est corrompus par la politique, il nous faut la réforme grégorienne !" Réforme qui a permis aux moines d’asseoir leur pouvoir. 500 ans plus tard, en 1517, les 95 thèses de Luther ont poussé l’Église à réagir. Et à créer une "civilisation paroissiale" avec "un vrai cadre, un homme de proximité qui s’appelle le curé", du latin cura, qui signifie "le soin". Cette "civilisation paroissiale" a pris fin 500 ans plus tard avec la baisse d'influence de l'Église dans la société.
"L'incroyable histoire de l'Église" présente un autre visage du Christ, fort différent de ce que l’on a tendance à imaginer ! "Il n’est pas du tout ce Jésus Christ de la Renaissance blond vénitien aux yeux bleus !" Le sociologue se base sur des travaux d’archéologues, pour décrire un Jésus "petit, basané, cheveux crépus", mais aussi "généreux, gentil, présent, jovial…"
Jésus est présenté comme "un réformateur par rapport à la tradition sémite et juive dans lequel il est né". Mais le caractère révolutionnaire du christianisme, c’est "l’agapè" estime le sociologue. C’est-à-dire l’amour inconditionnel, "l’amour hors mesure", précise Olivier Bodineau.
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