Christophe Henning reçoit Jeanne Benameur, auteure de "La patience des traces" (éd. Actes Sud), et Dimah Abdallah, auteure de "Bleu nuit" (éd. Sabine Wespiser). Leurs romans nous entraînent à la suite d’hommes en plein questionnement : l’un voudrait retrouver son passé et ce qui fait son existence, l’autre, au contraire, voudrait tout oublier d’un passé qui le met au ban de la société…
Après "Ceux qui partent", en 2019, un roman polyphonique sur l'immigration aux États-Unis, Jeanne Benameur signe un roman qui semble très différent. Pour tant il est encore question de se chercher un avenir...
Psychanalyste estimé, Simon se rend compte qu’il ne s’est jamais vraiment préoccupé de lui-même, peut-être parce qu’il reste blessé en ces jeunes années durant lesquelles il découvrit l’amour. Mais appliqué, il est tout entier consacré à ses patients. Mais de lui, il ne s’occupe guère. Jusqu’à trouver l’occasion d’une plongée intérieure : "On peut jouer toute une vie sur quelque chose de brisé." Il lui faudra une fuite ou un sauvetage, loin, sur une île du Japon, pour refaire surface peut-être.
Dans deuxième roman, on retrouve la densité d'écriture de Dimah Abdallah. En 2020, "Mauvaises herbes" ((bientôt disponible en poche) était traversé par la violence au Liban. Cette fois, dans une histoire douloureuse, on arpente les rues de Paris... "Les obsessions de 'Mauvaises herbes' sont très présentes dans 'Bleu nuit', il s'agit encore une fois beaucoup d'une mémoire en ruine, à laquelle il faut échapper, avec laquelle il faut composer", explique Dimah Abdallah.
Quant à l’autre bonhomme, il fait tout pour s’effacer du monde. Le narrateur va sortir de sa coquille, de son refuge, de son appartement qu’il n’a pas quitté depuis des mois voire des années. Bientôt à la rue, il ne demande rien à personne, et noue quelques rares contacts avec celles qui veulent bien le voir, lui, sur son trottoir. Il veut tout oublier, mais les souvenirs ne sont-ils pas plus coriaces que l’hiver ?
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