Altamont

Altamont d'Erik Hanna et Charlie Adlard chez Glénat 

Si le sujet du livre est bien sûr le festival et ce qu’il cristallise d’une ambiance et d’une époque, le scénariste fait aussi vivre ses personnages qui ont une vraie consistance. Dans ce combi Volkswagen, il y a donc Samantha, Jenny, les 2 filles du groupe et Leo, Schizo et Doc qui revient marqué du Vietnam. Erik Hanna nous livre ainsi le portrait désenchanté d’une jeunesse libre et rêveuse, mais secouée par la guerre. Nous avons aussi une séquence réussie avec la mère de Leo qui critique le style de vie de son fils. Ce voyage met en avant les personnalités et faiblesses des personnages tout en décrivant le contexte de l’époque entre politique et stupéfiants qui se consomment encore aisément. 

Un festival chaotique, mal géré et mal organisé. Exemple avec les Jefferson Airplane qui, même sur scène, rencontrent des problèmes : alors que le groupe termine The Other Side of This Life, leur chanteur Marty Balin veut porter secours à un jeune afro-américain se faisant tabasser par le service d’ordre des Hell's Angels : il lance alors son tambourin et pour cela écope d'un coup de queue de billard sur le crâne, qui lui fait perdre connaissance… L’ambiance est plus que rock’n’roll et devient vraiment incontrôlable. Au milieu de cette tempête de sons, de drogues et de violences, nos jeunes amis ne voulant pas rater le concert du siècle vont vivre une soirée très difficile entre guitares saturées, bad trips et agressions. Cette seconde partie d’album est peut-être la moins intéressante et la moins réussie. Si nous ne connaissons pas déjà le contexte et l’histoire de cet évènement, nous sommes alors comme les personnages de l’histoire, perdu dans ce maëlstrom ce qui met le lecteur au même niveau d’ implication mais avoir plus d’explications sur la fin tragique de la manifestation aurait été bienvenu.
Finalement, nous ne revivons pas tant ce festival que l’ambiance qui y régnait. Des concerts, il n’en est presque pas question, les intrigues de nos personnages prenant le pas sur l’évènement. Au dessin, on retrouve le vétéran Charlie Adlard, qui a mis en image pendant 15 ans la série culte Walking Dead : un trait réaliste carré, parfaitement mis en couleurs dans un style pop art avec un début dans des teintes orangées comme un coucher de soleil pour terminer en bleu gris dans la nuit tragique du 6 décembre. Si l’on retrouve particulièrement l’intensité de l’auteur dans les bagarres de fin d’album, toute la première partie, le voyage en van, est également très réussie alternant pleine page découpée en longues cases verticales et discussions variant les angles de vue. Un petit bémol : l’utilisation des trames en gros pointillés réguliers et rectilignes qui ajoutent certes un côté vintage à ce voyage dans l’Amérique de la fin des années 60 mais pas forcément des plus réussis

Programmation musicale : 

Can't Find My Way Home, Blind Faith (live à Hyde Park 1969)

Somebody to love, Jefferson Airplane (Surrealistic Pillow, 1967)

Jumpin' Jack Flash, The Rolling Stones (1968)