C'était un très grand nom de la photographie. Avec sa femme Sabrina, Roland Michaud a restitué toute la beauté de l'Orient. Leur œuvre a inspiré des générations de photographes et d'aventuriers. Roland Michaud est mort le 25 mai, à l’âge de 89 ans. Pour lui rendre hommage, RCF rediffuse l'émission "Visages" de 2016.
En octobre 2015, les éditions de La Martinière ont publié "Voyage en quête de lumière". Un superbe ouvrage qui dit toute la philosophie de vie de Roland et Sabrina Michaud. En regardant ces montagnes sublimées par la brume ou ces visages d'Orient burinés au regard intense, on comprend qu'une véritable passion pour les cultures orientales et une envie chevillée au corps de rencontrer l'autre ont été nécessaires pour produire de telles photographies. Le couple de voyageurs vit depuis 60 ans une quête: "Le but final c'était de s'enrichir au contact des autres, d'acquérir un meilleur art de vivre", confie Roland.
Dans leur tout premier livre, "Laponie, notes de voyage" (1950) on trouve cette perle : "Il ne faut voir chez les autres que ce qui est meilleur que chez soi. Ce qui est inférieur là-bas ne m'intéresse pas. Ne vous attendez donc point à m'entendre dire c'était moins beau, moins bien, moins bon." Ce qui anime Roland comme Sabrina c'est de pouvoir "témoigner", témoigner de ce qu'ils ont compris au fur et à mesure de leurs voyages : une sorte "d'œâcuménisme".
Sabrina l'explique ainsi : "Ce que j'aimerais savoir c'est pourquoi on nous donne cette vie ; témoigner de la beauté de ces rencontres, c'est œcuménique comme idée : l'homme n'est pas juif, musulman ou chrétien, il n'est pas français ou indien, l'homme est l'homme." Tout l'art de la rencontre ici résumé.
Roland et Sabrina Michaud se sont rencontrés en 1956 au Maroc. Pour Sabrina, ce fut immédiat. "Une question de vibration", dit-elle. Ils sont restés depuis un couple uni par l'amour du voyage. "Ce qui nous a mené c'est une curiosité du monde et la chance d'avoir vraiment envie de comprendre l'autre et de trouver chez lui quelque chose qui nous séduirait", explique Roland.
Pour elle, "le voyage est inhérent à l'homme : que faisons-nous dans cette vie de la naissance à la mort sinon voyager ?". L'un et l'autre se définissent comme des voyageurs plus que des photographes. Ce qu'il y a d'instantané dans la photo vient chez eux après le temps long accordé à la contemplation. "Prendre le temps c'est très physique, c'est indispensable si l'on veut faire quelque chose dans la vie. Prendre son temps : le faire sien", conclut Sabrina.
Entretien diffusé en janvier 2016
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