Carhaix-Plouguer
Les coûts artistiques pour les festivals de musique ont explosé depuis plus de dix ans. La faute à une industrie musicale en complète transformation. Le festival des Vieilles Charrues, dans le Finistère, doit s'adapter à cette réalité.
Au festival des Vieilles Charrues, parmi les postes où les coûts ont explosé ces dernières années, celui de l'artistique est emblématique! Aujourd'hui des artistes (et leur production) demandent des cachets inimaginables il y a seulement dix ans. Le budget du festival finistérien a d'ailleurs doublé pendant cette période, passant de 12 millions d'euros en 2012 à 23,5 millions cette année... Et la hausse des cachets est en partie responsable de cette inflation. "Avec la crise du Covid, ils s'étaient adaptés à la réalité du terrain, mais c'est reparti comme en 14! Et les artistes veulent faire toujours plus gros, toujours plus grand", constate Jean-Luc Martin, le président de l'association des Vieilles Charrues.
En 2009, le festival avait fait date en faisant venir Bruce Springsteen pour un montant record d'environ un million d'euros. Un chiffre exceptionnel... pour l'époque! D'après nos confrères de 20 Minutes, cette somme a été largement dépassée cette année afin de pouvoir accueillir les Red Hot Chili Peppers lors d'une soirée exceptionnelle en clôture du festival, lundi 17 juillet. "Où va-t-on?" demande Jean-Luc Martin. "L'accès à la culture ne doit pas être réservé à ceux qui ont de l'argent! Notre but est faire rêver les gens, mais à un prix raisonnable."
Le secteur a énormément évolué pendant cette période. Il y a vingt ans, il n'y avait pas autant de festivals, ni d'entreprises qui ont diversifié leur activité pour venir sur l'organisation d'événements. Il n'y avait pas encore eu non plus la chute des ventes de disques et l'essor de l'écoute en ligne... "Les artistes généraient leurs ventes sur le disque et le "live" servait de tournée. Aujourd'hui, le rapport s'est inversé", raconte Jérôme Tréhorel, le directeur général des Vieilles Charrues. "Il y a des cachets qui sont beaucoup plus importants et qui peuvent se justifier si cela génère la billetterie attendue à un tarif correct."
Mais d'autres cachets deviennent pharaoniques, et sur des bases plus difficiles à appréhender pour les organisateurs de festivals... "Nous ne sommes plus sur des calibrages d'estimations en fonction d'un nombre de billets vendus pour telle ou telle salle, mais sur un nombre de personnes touchées sur TikTok, ce qui est complètement fou!" Et puis avec le succès et une histoire désormais ancienne, la concurrence est devenue internationale pour les Vieilles Charrues. Avec des règles du jeu parfois faussées, selon les organisateurs. "Pour certains acteurs, le festival n'est pas la ressource économique principale de leur activité mais un produit d'appel sur lequel ils peuvent se permettre de perdre de l'argent et faire monter les enchères pour uniformiser le marché", conclut Jérôme Tréhorel. Le festival des Vieilles Charrues, au modèle associatif, doit s'adapter à cette dure réalité.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
Carhaix-Plouguer
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !