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Bande dessinée - "Peau" : le portrait sensible de deux femmes qui se cherchent

Un article rédigé par Stéphanie Gallet - RCF, le 13 janvier 2023 - Modifié le 17 juillet 2023
La BD de la semainePeau : portrait sensible de deux femmes qui se cherchent

L'album "Peau" (éd. Çà et là) fait partie de la sélection 2023 du festival international de la bande dessinée d'Angoulême. C'est l'histoire d'Esther qui enseigne le dessin et de Rita qui pose nue dans son atelier. De la rencontre entre deux solitudes liées par ces séances de modèle vivant. Un bande dessinée très délicate, signée Mieke Versyp au scénario et Sabien Clément au dessin.

Extrait de l'album "Peau" ©éditions Çà et làExtrait de l'album "Peau" ©éditions Çà et là

À moins d'un mois du festival international de la bande dessinée d'Angoulême, je vous présente des albums en sélection. Cette sélection permet vraiment de mettre en avant des petits éditeurs. Çà et là fait un gros travail pour traduire des albums étrangers. Pour "Peau" les deux autrices sont flamandes et notre histoire commence par une petite annonce comme on en voit tant dans les boulangeries : "Cherche modèle nu chaque dimanche de 18 h à 21 H pour plus d’info, demandez Esther", avec un 06 à détacher. Esther enseigne le dessin, et c’est Rita qui va répondre à l’annonce.

 

"Peau", une histoire très délicate

 

"Peau" est leur histoire, une histoire très délicate, une histoire de presque rien, la rencontre entre deux solitudes qui sont liées par cette heure du dimanche soir. Esther est une jeune artiste qui anime un cours de dessin de nu pour adulte. Elle est un peu paumée dans sa vie. Très seule, depuis toute petite, elle s’est mis tout un tas de pression d'injection dans la tête et aujourd’hui, elle essaie de s’en libérer de ne plus être la petite fille parfaite. Olga est une femme plus âgé, mère d’une ado de 16 ans. Elle vient de tout plaquer dans sa vie et devient modèle pour arrondir ses fins de mois. Elle a le corps d’une femme fatiguée, mais ses rides, ses bourrelets, sa cellulite, tout ca c’est intéressant à dessiner pense Esther. Elle est plutôt rigolote Olga avec sa longue natte rouge, ses manteaux parfois panthère parfois zèbre, ses chaussons chiens, ses bibelots chats et aussi son bonnet de bain à oreille de chat.

 

Aussi différentes soit-elle, Esther et Olga sont désormais lié par le fait de regarder et d’être regardé. Il y a les pauses de Rita et les dessins d’Esther. Esther qui ne la dessine pas comme elle la voit, mais comme elle la ressent. Et pendant que Rita prend la pose, ça mouline dans sa tête… Et pendant qu’Esther la regarde, elle aussi son esprit vagabonde. Et c’est ainsi que nous lecteurs, grâce à ses digressions mentales, nous comprenons qui elles sont. Toutes deux doivent lutter contre leur propre passé, leur propre insécurité. Esther ne trouve pas l’amour, il file entre ses doigts, et Rita sens sa fille lui échapper. Toutes les deux attendent quelque chose et en attendant, elles se débrouillent comme elles peuvent.

 

Une BD sur le rapport au corps

 

Dans "Peau" il est question du rapport au corps, à la vieillesse, la maternité, l'idéal de beauté. Ça parle de honte, de fierté, d’intimité, de combat intérieur. C’est une réflexion aussi sur le dessin. Le dessin qui peut être comme une thérapie, une mise à distance pour celle qui dessine comme pour celle qui est dessinée.

 

C'est vraiment un album magnifique avec un graphisme très doux et très singulier. Il y a d’abord cette couleur qui domine : un vert, une sorte de verre d’eau que l’on retrouve tout au long de l’album. On est dans des teintes aquarelles avec beaucoup de transparence parfois rehaussé de touches de rouge comme la natte de Rita ou les bottes roses d’Esther. Un récit qui est ponctué par les pages du carnet de dessins d’Esther qui croque les pauses de Rita.

 

C’est un récit tout en délicatesse qui touchera peut-être d’abord un public féminin. C'est triste et joyeux à la fois. Le portrait très sensible et émouvant de deux femmes qui se cherchent. Un récit qui nous dit que si la peau peut être un masque, une carapace, c'est surtout une éponge qui absorbe tout, qui imprime tout.

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
La BD de la semaine
©RCF
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