La basilique Saint Paul-hors-les-Murs a été construite sur la tombe de l'apôtre Paul qui aurait été martyrisé à peu de distance de là, dans le jardin de Tre Fontane - car selon la légende, quand il a été décapité, sa tête a touché trois fois le sol, faisant jaillir trois sources.
L’apôtre Paul a toujours revendiqué sa qualité de citoyen romain. C’est la raison pour laquelle il a fait appel à la juridiction de l’empereur pour être jugé. Il arrive donc à Rome en 61 sous bonne garde. Condamné à mort, il est décapité entre 65 et 67. En tant que citoyen romain, sa dépouille mortelle n’a pas dû pas être cachée. Il est enterré à proximité du lieu de son martyre, sur la via Ostiense, dans la propriété d’une chrétienne nommée Lucina. Très vite, sa tombe est vénérée et on y construit un mémorial qu’on appelle cella memoriae ou tropaeum qui est visité par les chrétiens, même en période de persécution.
Très vite après l’édit de Constantin qui permet le culte chrétien, une première église aurait été construite sur la tombe de Paul et consacrée en 324 par saint Sylvestre Ier. Mais c’est l’empereur Théodose Ier qui ordonne la construction d’une grande basilique à 5 nefs entre 385 et 395. Elle sera la plus grande église du monde jusqu’à l’érection de l’actuelle basilique saint Pierre. Ses dimensions sont impressionnantes : 131 mètres de long, 65 de large et 29 de haut ; ses 5 nefs sont séparées par 80 colonnes monolithiques de granit.
Cette basilique a été visitée par des millions de pèlerins au cours des siècles, car ceux qui venaient à Rome voulaient vénérer les deux grandes colonnes de l’Église, Pierre et Paul. Saint Paul-hors-les-murs était donc un passage obligé. Dans cette basilique, vous marchez à proprement parler sur les pas des saints qui vous ont précédés! L’histoire de basilique est marquée par le grand incendie de 1823 qui l’a presque entièrement détruite, mais elle a été reconstruite à l’identique en utilisant les éléments qui avaient pu être sauvés des flammes.
Devant la basilique, se dresse un majestueux portique à colonnes construit au début du XXe siècle, avec en son centre une statue de saint Paul tenant une épée, symbole de son martyre, mais qu’on peut aussi relier à la Parole de Dieu comme le fait l’épitre aux Hébreux, longtemps attribuée à Paul :
« Vivante, en effet, est la Parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur. » (Héb 4, 12)
Sur la façade de la basilique, se trouve une mosaïque de Luigi Poletti. Dans le fronton, Jésus est représenté en gloire entourés des inséparables Pierre et Paul.
L’intérieur de la basilique est spectaculaire. On y trouve la célèbre frise de médaillons représentant tous les papes depuis saint Pierre. Cette frise a été commencé à l’initiative du pape Léon le Grand au Ve siècle et est complétée à chaque élection d’un nouveau pontife. Il y en a actuellement 266 portraits. Le 266ème, le pape régnant, est éclairé de manière spéciale. Cette frise manifeste de manière unique, selon les mots de saint Irénée (IIe siècle), la « primauté reconnue par les fidèles de tous lieux à la très grande Église constituée à Rome par les deux glorieux apôtres Pierre et Paul. »
Les saints papes s’y distinguent par la présence d’une auréole. Si vous observez la frise, vous verrez qu’il y a des siècles où on trouve peu de saints parmi les papes… Au-dessus de la frise, entre les fenêtres, se trouvent des fresques qui racontent la vie de l’apôtre Paul.
L’arc de triomphe séparant la nef du chœur présente une mosaïque du Ve siècle qui a échappé à l’incendie et a été restaurée à l’identique. Nous y voyons une scène de l’apocalypse : vingt-quatre vieillards se prosternent devant le Christ et déposent devant lui 24 couronnes d'or ; à côté du Christ qui domine se trouvent saint Pierre et saint Paul tandis que les 4 évangélistes surplombent la scène.
Dans l’abside, se trouve une autre mosaïque impressionnante commandée par le pape Innocent III (1198-1216) et terminée sous Honorius III qu’on peut voir tout petit prosterné à côté du pied droit de Jésus en gloire.
La mosaïque représente le Christ bénissant entre les saints Pierre, André, Paul et Luc.
L’endroit le plus important de la basilique est l’autel papal ou autel de la confession de Paul, surmonté d’un ciborium gothique du XIIIe siècle qui a échappé à l’incendie, et sous l’autel, la tombe de l’apôtre des Gentils à laquelle on accède par un double escalier. Des fouilles récentes ont permis de mettre à jour la pierre tombale de marbre qui ferme la tombe et qui porte l’inscription PAULO APOSTOLO MART… Elle est percée de trois orifices, un rond et deux carrés qui devaient servir dans l’antiquité à faire pénétrer des linges dans la tombe et obtenir ainsi des reliques de contact. Jusqu’à présent, les fouilles n’ont pas été jusqu’à ouvrir la tombe.
Cependant, comme pour la tombe de Pierre, il est plus que probable qu’il s’agit bien de la tombe de l’apôtre, étant donné le faisceau d’indices concordants. On ne peut pas visiter la basilique sans se rendre dans la chapelle de saint Laurent aussi appelée chapelle du Crucifix construite en 1724 pour commémorer un miracle. Cette chapelle s’ouvre sur le transept. Outre la présence du Saint Sacrement, cette chapelle abrite un crucifix en bois polychrome attribué à l’artiste siennois Tino di Camaino (XIVème siècle).
Ce crucifix est miraculeux parce qu’il a été la source d’une grande grâce pour sainte Brigitte de Suède, dont la statue réalisée par Carlo Maderno se trouve aussi dans la chapelle. Celle-ci, grande adepte des pèlerinages, s’est rendue à Saint Paul pour y prier en 1349. Elle attendait l’approbation par le pape de la règle de l’Ordre du Très Saint-Sauveur qu'elle était en train de fonder. Soudain elle est tombée en extase devant la croix : le Christ sur la croix a tourné son visage vers elle et a approuvé son projet de fondation. C’est là aussi qu’elle a reçu alors la révélation des Quinze Oraisons, qui se répandront plus tard dans toute l’Église.
Pour la petite histoire, il y a beaucoup de crucifix miraculeux à Rome : il y a celui qui a parlé à saint Camille de Lellis à santa Maria Maddalena, le crucifix de saint Marcel qui a protégé la ville, le crucifix de saint Vincent Pallotti, etc.
La basilique de Saint-Paul-Hors-les-Murs est tenue depuis des siècles par les moines bénédictins. L’abbaye remonte au pape Grégoire II (715-731), et a été réformée par saint Odon de Cluny en 936. Il faut absolument visiter le magnifique cloître du XIIIe siècle réalisé par Vassalletto. Il est intact, épargné par l’incendie de 1823. Réalisé dans le style cosmatesque, c’est-à-dire avec des mosaïques polychromes ornant les doubles colonnes dont certaines sont torsadées, il abrite des fragments de restes architecturaux de l’antique basilique et quelques découvertes archéologiques.
Ceux qui veulent prendre un temps de prière dans la basilique peuvent se souvenir de l’immense cohorte de pèlerins et de saints qui sont venus ici vénérer l’apôtre Paul et prier pour la mission de l’Église. Saint François-Xavier y est venu avant de partir aux confins de l’Asie. Thérèse de Lisieux y est venue en pèlerinage avec saint Louis Martin.
La basilique est un lieu privilégié pour prier pour l’évangélisation du monde à la suite de saint Paul, mais aussi pour l’unité des chrétiens, car c’est là que chaque année, le 18 janvier, le pape ouvre officiellement la semaine de prière pour l’unité des chrétiens.
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