Les cinémas ne ferment jamais : c'est un des rares lieux culturels ouverts 365 jours par an. Les salles obscures ont connu un été record cette année, avec une fréquentation qui a explosé. Plus de 30% de spectateurs supplémentaires en juillet par rapport à l’année dernière. Grâce évidemment à une programmation de films très riche dont certains sont toujours à l’affiche !
Le fait marquant de l'été, c'est le phénomène "Barbenheimer". Un néologisme journalistique barbare, né de la contraction de deux titres de films au succès spectaculaire : BARBIE de Greta Gerwig d’un côté, et OPPENHEIMER, le film de Christopher Nolan qui à eux deux ont réalisé près de 10 millions d’entrées !
Le phénomène surtout c’est Barbie, qui a dépassé le milliard de dollars de recettes mondiales (une première pour une femme réalisatrice et devrait contribuer à faire changer le regard des financeurs du cinéma sur le sujet !). Le film est un bonbon rose acidulé, sucré et piquant à la fois, décalé, produit par Mattel, le fabricant de la célèbre poupée, ils cherchent donc évidemment à redorer l’image de son jouet star.
Mais ils ont eu l’intelligence de confier le projet à une réalisatrice issue du cinéma indépendant, qui y a insufflé une bonne dose de second degré. Pour un résultat étonnant, original. Et j’ai ri de tous les stéréotypes féminins et masculins, pris à contrepied. C’est formidablement interprété par Margot Robbie, et par Ryan Gossling, désopilant dans le rôle de Ken.
Oppenheimer, c’est plus sérieux ! Le film revient sur le destin du "père de la bombe atomique", ce brillant physicien, ami d’Einstein, accusé après-guerre par le FBI pour ses affinités communistes, avant d’être réhabilité en héros national ! Nolan scrute les revirements et les trahisons à l’œuvre. Et le cas de conscience que s’est posé Oppenheimer face à l’utilisation réelle de sa découverte scientifique. Le scénario est magistralement construit. Pour une fois, Nolan ne nous perd pas en route.
Sortie fin août, "Anatomie d'une chute", de Justine Triet connait un démarrage public très fort. Il devrait approcher les 1,5 million d’entrées, ce qui est rare pour une Palme. A part le film coréen "Parasite" en 2019, il faut remonter à 2008 et au film de Laurent Cantet, "Entre les murs" pour retrouver ces niveaux-là. A première vue, c’est un film classique, entre ‘polar’ et ‘film de procès’. Mais il y a une finesse dans la psychologie des personnages, dans l’écriture des dialogues et dans le jeu des acteurs, qui en fait un film exceptionnel …et une Palme méritée.
Un joli portrait de femme. C’est TONI EN FAMILLE, de Nathan Ambrosiani, avec Camille Cotin dans un nouveau registre, celui d’une mère de famille nombreuse, très touchante au milieu de ses 5 ados. Elle les élève au mieux, entre attention et fermeté. Et à l’aube de ses 40 ans, elle commence à penser à l’ « après » et à imaginer une vie professionnelle autre possible. Le film sonne juste, la fratrie est très crédible, et le portrait de cette femme est étonnamment sensible de la part d’un tout jeune réalisateur d'à peine 24 ans.
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