En 2006, à 53 ans, la belge Claire Colette choisit de prendre la route. De Louvain la Neuve (Belgique) à Saint Jacques de Compostelle, elle part trois mois marcher seule ou presque. Chaque jour sa maladie l’accompagne sur les chemins du Camino. En effet, Claire Colette est atteinte de fibromyalgie, une maladie incurable du système nerveux... et pourtant ! Dans ce deuxième épisode du podcast "Marche & Rêve", elle raconte les bienfaits de la marche sur son corps et son âme au micro de Thierry Lyonnet. Elle nous explique comment elle a nourri ou plutôt “composté” sa vie, sur le chemin de Compostelle.
Un matin Claire Colette se réveille et a une prise de conscience : à 53 ans elle a couru derrière sa vie en “remplissant tous les vides, tous les blancs”. Cette “course contre la montre” Claire Colette veut y mettre fin. Fini les sprints, Claire veut prendre le temps. Quoi de mieux pour cela que de marcher, l’âme au vent et les pieds sur terre sur les chemins sacrés du camino. Du temps et du sens, voilà ce dont Claire a besoin pour remettre un peu d’ordre dans son cœur et, espère-t-elle, dans son corps en souffrance. En effet, elle découvre au même moment qu’elle est atteinte de fibromyalgie, une maladie très douloureuse qui affecte le système nerveux central qui ne “se soigne pas et évolue dans le temps”. Claire Colette souffre physiquement et mentalement, elle n’a plus le choix : marcher ou mourir.
Dans la vie il y a des failles. Des failles par lesquelles le merveilleux peut passer. Et quand on se met dans une disponibilité où ces failles là sont là et on peut les voir, on retrouve du merveilleux, on retrouve du lien, du vivant. Si on est dans quelque chose de très rationnel on ne se laisse plus nourrir par cela. Mais il faut oser c’est vrai
“Je n’étais pas du tout une marcheuse” se souvient Claire Colette. Pourtant dans un élan de survie, elle décide de se mettre en marche, sans préparation, matériels ou connaissance du chemin. “Je ne savais même pas quel chemin prendre, pas d’argent, pas de téléphone portable, aucune préparation et partir le matin sans savoir où je vais dormir le soir” raconte-t-elle. Encore aujourd’hui, Claire Colette qui est devenue une grande marcheuse ne prévoit rien. Ce qu’elle chérit dans la marche, ce sont ces bonnes surprises que le chemin de la vie réserve. Un lâcher prise apprécié et renouvelé par la marcheuse qui n’est pas toujours simple à adopter. “Je reste inquiète par moment, intimidée d’aller frapper [aux portes NDLR] mais j’ai tellement découvert que ça donnait une intensité de vie, de se laisser nourrir par autre chose, de se laisser bousculer, d’oser, de prendre des risques. On est aujourd’hui dans une société tellement sécuritaire qui nous réduit l’intensité de vie et partir ainsi c’est permettre à la vie de venir nous nourrir.” Une faim de marche, de nourriture spirituelle et physique qui a plus de sens, voilà ce que Claire Colette découvre sur le chemin. Plus que la découverte d’un nouveau mode de vie plein de “jubilations”, la marcheuse atteinte de fibromyalgie va découvrir un chemin de guérison.
Il y a eu trois moments dans ce voyage, la guérison du corps, le coeur qui s’éveille et puis la spiritualité qui s’ouvre
“Pour moi la marche est une médecine holistique, c'est-à-dire qu’elle guérit tout” constate Claire Colette. Elle n’a pas peur des mots. La marche l’a transformée en globalité car “elle touche toutes les dimensions de l’être”. Claire Colette a été tellement bouleversée par les transformations physiques et psychiques qu’elle a pu vivre sur les chemins qu’elle travaille actuellement sur un ouvrage qui s'intitulera “Marcher pour guérir”. En marchant, "le corps va retrouver son alliance avec le coeur, avec ses émotions, avec son mental et les pensées qui peuvent tourner en rond et qui vont aussi se déposer sur le chemin et puis on va goûter, on va toucher à la spiritualité", explique-t-elle.
Alors que son médecin lui disait qu’il n’y avait rien à faire pour apaiser les douleurs de la fibromyalgie, Claire Colette réalise après un mois sur le chemin de Compostelle que ses douleurs ont complètement disparues. “Il y a eu trois moments dans ce voyage, la guérison du corps, le cœur qui s’éveille et puis la spiritualité qui s’ouvre” se souvient-elle. Grâce à la marche, Claire Colette a été guérie de sa fibromyalgie. En apaisant ses souffrances qui l’obsédaient, elle a pu "réouvrir son coeur et réentendre cette histoire émotionnelle". Pour elle, la guérison passe d’abord par le corps, porteur de tous les maux et catalyseur de nos émotions. Elle cite d’ailleurs Hippocrate dans son livre. En effet, le père de la médecin disait “la marche est le meilleur remède pour l’Homme”, Claire Colette en est la preuve vivante.
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