LES FILMS DE LA SEMAINE - Nous attendons avec impatience la semaine prochaine l’annonce par Thierry Frémaux de la liste des films qui vont concourir pour la Palme d’or 2024. La conférence de presse qui aura le 11 avril donne déjà lieu à beaucoup de rumeurs, d’espoirs et d’interrogations.
Sort aujourd’hui le dernier des 21 films en compétition en 2023. C’est BLACK FLIES de Jean-Stéphane Sauvaire, un film particulièrement violent qui avait été accueilli fraichement sur la croisette et peut-être pour cela le distributeur a laissé passer du temps avant de le programmer sur les écrans
Des conditions effroyables ! L’un est un vieux routier, fatigué par les années, hanté par les évènements du 11 septembre, il est joué par Sean Penn. Et le second est un jeune recru encore plein d’idéaux. Il est en passe de devenir médecin, et magnifiquement interprété par Tye Sheridan.
C’est évidemment un film coup de poing, qui se veut au plus près du réel et objectivement l’interprétation des deux acteurs est époustouflante. Comment répondre au mal, sous toutes ses formes ?
Mais le film souffre ensuite d’une surenchère qui finit par mettre mal à l’aise. Beaucoup d’effets de mise en scène, de lumières, de sons, et certaines scènes sont insoutenables. La symbolique christique présente dès le début se fait de plus en plus lourde. Le jeune Ollie porte un blouson de cuir avec deux ailes dans le dos, il s’appelle Ollie Cross (phonétiquement ça donne Sainte Croix !), il se voit comme un sauveur. C’est poignant au départ mais traiter la violence au cinéma, cela pose une question d’ordre éthique. Sa représentation est-elle justifiée ? oui c’est le thème du film ! Proportionnée et adaptée à l’objectif qu’elle recherche ? Et là, c’est évidemment une question de sensibilité personnelle, mais pour moi c’est plutôt non ! Il sort le 10 avril mais vous pouvez le trouver en avant-première dès cette semaine dans plusieurs villes. Guettez-le près de chez vous !
Un film qui m’a bouleversé, sur un thème dérangeant, c’est l’histoire d’une femme à barbe en France à la fin du XIXème siècle, Rosalie, qui est mariée par son père grâce à sa dot à un cafetier sans le sou, et qui va vouloir être aimée pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une femme amoureuse d’une grande sensualité et qui ne veut être vue ni comme une bête de foire ni comme une victime. Un très beau rôle confié à Nadia Tereszkiewicz.
Son mari, Abel, est joué par Benoit Magimel. Il fallait deux grands acteurs pour rendre cette romance crédible. Et le pari osé est réussi ! Il questionne très profondément notre part d’humanité ou de sauvagerie. Le film commence d’ailleurs par une scène de chasse à courre métaphorique, où un cerf majestueux est traqué par une meute de chiens. Il évoque avec beaucoup de sensibilité la question de la différence, du regard des autres, la façon dont les villageois vont l’accepter ou pas. Abel au départ se sent trahi, puisque le secret lui a été caché, puis il passe de la colère au trouble, face à cette femme vivante, entière, qui a foi en l’amour. On la voit prier avec ferveur une sainte crucifiée, j’ai vérifié c’est Sainte Wilgeforte, mais c’est une figure légendaire. Le film ROSALIE de Stéphanie Di Giusto sort mercredi prochain 10 avril. Et comme ce sera la semaine de notre Radio Don, il n’y aura exceptionnellement pas de chronique cinéma ce jour-là !
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