LES FILMS DE LA SEMAINE - Cette semaine 2 films "de société" sur les écrans. Le premier, sur l’Église et plus précisément la vie privée des prêtres, c’est PATERNEL de Ronan Tronchot. Et le second, plus politique, se passe à Budapest, en Hongrie. C’est L’AFFAIRE ABEL TREM, de Gabor Reisz.
PATERNEL pour commencer. Le thème nous intéresse tout particulièrement. C’est l’histoire de Simon, un prêtre très apprécié dans sa paroisse qui voit arriver un jour à la sortie de la messe, une jeune femme, Louise, accompagné d’Aloe, 11 ans, qu’elle lui présente comme étant son fils.
Disons-le tout de suite, le film n’est pas du tout "à charge" contre l’Institution. Il traite, de manière sincère et authentique, du quotidien des prêtres aujourd’hui, à travers une histoire certes particulière et romancée mais documentée. C’est un premier long métrage d’un jeune réalisateur qui s’interroge sur son Église. Il a co-écrit le scénario avec Ludovic du Clary qui partage les mêmes questionnements. Et il faut se réjouir que de jeunes cinéastes se sentent concernés, aujourd’hui, en France, par la vie de l’Église, vue de l’intérieur !
Donc Simon a eu une relation avec Louise avant d’être prêtre. Et il doit maintenant concilier son rôle de père avec sa vocation, qui reste toujours très vive ! Ce qui est résumé dans le film, par cette réplique d’Aloe : "Pourquoi tout le monde t’appelle Mon Père et moi, je ne peux pas t’appeler papa ?". Simon au début est déstabilisé, puis il se laisse transformer progressivement par les évènements, tout en restant fidèle à sa foi. C’est un film intimiste, qui tient beaucoup à la qualité du casting. Avant tout, Gregory Gadebois qui joue le rôle de Simon, est un très grand acteur, doué d’une sensibilité à fleur de peau. Il donne beaucoup d’épaisseur humaine à ce prêtre.
Le film est aussi très documenté. Les deux scénaristes ont rencontré plusieurs prêtres et laïcs sur le sujet, et ils ont vécu en immersion dans une paroisse en Bretagne. Le film nous montre l’envers du décor. Que font les prêtres de leur temps libre par exemple ? Les seconds rôles sont intéressants. Il y a Lyes Salem, un acteur toujours très juste, qui interprète Amine, un prêtre d’origine algérienne. Il apporte un soutien à Simon, et aussi beaucoup d’humour et de légèreté!
Le réalisateur nous fait découvrir les arcanes du droit canonique et la réalité d’un "procès" en interne. Dans la vraie vie, Ronan Tronchot est lui-même un jeune papa. Il a déjà réalisé deux courts-métrages sur le thème de la paternité. On le sent en empathie avec ses personnages. Et il donne aussi la parole aux femmes à travers le rôle de la mère jouée par Géraldine Nakache. Il interroge le poids de la société et le regard des proches, pas toujours "aidants", quand il s’agit de décisions intimes, difficiles à prendre pour les femmes. Le film s’intitule PATERNEL. Il est signé Ronan Tronchot.
Un second film cette semaine, c’est L’AFFAIRE ABEL TREM, de Gabor Reisz. Le film se passe de nos jours à Budapest. Il raconte comment un élève recalé au baccalauréat, va s’enferrer dans le mensonge pour ne pas avoir à affronter la déception de son père. Dans les faits, le jeune Abel accuse son professeur de l’avoir disqualifié parce qu’il portait une cocarde nationale à son veston pendant l’examen. Cocarde perçue au pays de Viktor Orban comme un signe extérieur de nationalisme, un fait politique, dont tout l’entourage d’Abel s’empare. Et quand les médias s’en mêlent, c’est toute la société qui s’emballe.
Le film met un peu de temps pour démarrer. Le temps de planter le décor de cette famille moyenne, plutôt aisée, dans la Hongrie d’aujourd’hui. Puis il devient dans une seconde partie le miroir grossissant de toutes les dérives individuelles et collectives engendrées par un pouvoir autoritaire et liberticide.
À l’heure des élections européennes qui approchent, ça donne à réfléchir. L’AFFAIRE ABEL TREM de Gabor Reisz a reçu le prix Orrizonti à la dernière Mostra de Venise.
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