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"Maintenant on parle de la spiritualité, on parle beaucoup plus, via la méditation, de tout ce qui touche l'essentiel, la quête de sens dans une vie." Le Dr Christophe Fauré est l'auteur de nombreux ouvrages comme "Vivre ensemble la maladie d’un proche" (éd. Albin Michel, 2011), "Vivre le deuil au jour le jour" (2014) ou encore "Le couple brisé" (2016). Cette fois, avec "S'aimer enfin !", il fait quelque chose d'inhabituel pour un psychiatre : il parle de lui. Plus exactement, il parle de cet être spirituel qu'il est aussi.
Psychiatre et psychothérapeute, spécialiste de l’accompagnement du deuil et de la fin de vie, mais aussi du couple et de la famille, multi-engagé au niveau associatif, Christophe Fauré s'est "épuisé" dans l'accompagnement à l'autre. "Quand on n'a pas d'attention à soi, il ya quelque chose qui s'assèche car il faut, quand on aide autrui, aller puiser en soi l'énergie pour le faire."
Rien de narcissique cependant, ni d'égocentrique dans son cheminement intérieur. Soigner, c'était un rêve d'enfant qu'il brillamment accompli. Le psychiatre pensait d'ailleurs qu'être dans le soin constant et l'attention aux autres le nourrirait. Aussi ce n'est pas en tant que psychiatre qu'il raconte sa redécouverte de son moi spirituel. "Je montre un chemin", dit-il. Un chemin éminemment personnel, et cependant qui parle à tous. "J'ai longtemps cru que j'étais un être psychologique uniquement, et en fait il y avait la dimension spirituelle qui était en train de suffoquer."
Ce que le Dr Fauré a fini par comprendre, c'est le traumatisme laissé à l'âge de 6 ou 7 ans par le divorce de ses parents et surtout la dépression de la sa mère qui a suivi. "Rien d'extraordinaire, précise-t-il, mais je me suis retrouvé à prendre soin d'une maman débordante d'amour mais en dépit de son amour très abimée et déprimée par sa propre vie." Dans son livre, il écrit : "Je m'assied auprès d'elle et écoute une détresse à laquelle aucun petit garçon ne devrait être confronté." Avec le recul et son regard de psychiatre, il se rend compte qu'il a développé quelque chose "de l'ordre du sacrificiel" chez l'enfant pour qui sauver sa mère c'est "sauver sa peau".
Atteint comme il dit du "syndrome du sauveur", il pensait que c'était en aidant qu'il devait "exister dans le monde". Or, "il n'y a pas de soin authentique à l'autre s'il n'y a pas de soin authentique à soi-même". Fortement touché à l'âge de 13 ans par la lecture d'un livre sur le bouddhisme, mais ayant grandi dans la religion chrétienne, il restait "très imprégné" de l'enseignement du Christ. "«Tu aimeras ton prochain comme toi-même», quand j'entends un maître bouddhiste dire que le sens d'une vie c'est de fonder sa vie sur l'accomplissement des bienfaits d'autrui, j'ai du mal à voir la différence entre les deux !" Christophe Fauré aurait pu devenir moine chrétien. Mais en 2001, "le cœur sec" et à deux doigt du "burn out", il quitte tout pour devenir moine bouddhiste.
Christophe Fauré connaissait déjà le centre Dhagpo Kagyu Ling (en Dordogne) où il donnait des conférences de psychologie. Touché par la façon qu'avaient les moines d'"incarner l'enseignement du Bouddha", il trouvait chez eux "une extrême sympathie" et surtout de la joie. "Je voyais ces gens heureux !" Rien à voir avec le développement personnel ou un quelconque bouddhisme à l'occidentale. "On nous vend trop actuellement ce bonheur centré sur soi, la méditation, le bien-être, l'apaisement..." Le bouddhisme "authentique", explique-t-il, c'est de "créer paix en soi afin de l'offrir en retour". Et ce "afin de" est important.
"Le vœu de Bodhisattva c'est s'engager à mettre en œuyvre la bodhitchitta, par tous les gestes, toutes les paroles que l'on peut prononcer." Aider l'autre à reconnaître en lui "une dimension sacrée, ultime", qui est "l'essence même de tout ce qui est". Découvrir sa dimension intérieure, dans la pensée bouddhiste c'est comprendre que "l'essentiel" existe aussi chez l'autre et qu'il est "le cœur même du réel".
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