Après 70 ans de règne, la reine Elizabeth II s’est éteinte hier après-midi à l’âge de 96 ans. Son sacre eut lieu le 2 juin 1953 à l’abbaye de Westminster. Lors de cette cérémonie a eu lieu le rite sacré de l’onction. Un rite qui remonte à Salomon et qui fit d’elle le gouverneur suprême de l’Eglise d’Angleterre. Que symbolise-t-il ? Peut-on dire que “le dernier monarque chrétien” est mort ?
Le 2 juin 1953, le monde entier a les yeux rivés sur son écran de télévision. Elizabeth Alexandra Mary Windsor s’apprête à devenir reine d’Angleterre un an après la mort de son père, le roi George VI. Pour la première fois, le couronnement d’un souverain va être entièrement retransmis à la télévision. Plus de 750 commentateurs décryptent la cérémonie en 39 langues pour plus de 275 millions de téléspectateurs à travers le monde.
Dans l’abbaye de Westminster, 8000 invités attendent la sixième femme à monter sur le trône de l’Empire britannique. Ce jour-là, Elizabeth II accepte de régner sur les peuples d’Angleterre et du Commonwealth mais, elle est avant tout sacrée reine devant Dieu. Elle devient ainsi “Reine par la grâce de Dieu, défenseur de la foi” (Dei Gratia Regina Fidei Defensor). Au moment le plus solennel de la cérémonie, dirigée par l’archevêque de Canterburry, Elizabeth II est ointe avec du Saint chrême, un rite qui remonte à Salomon et qui fait de la nouvelle souveraine une servante de Dieu. Sacré, ce moment est le seul à ne pas avoir été filmé.
Avant de s’agenouiller sur la chaise du roi Edouard ou chaise du couronnement, Elizabeth quitte tous les symboles royaux qu’elle porte. Quittant son lourd manteau de pourpre et ses bijoux, la reine revêt une simple robe en lin blanc, l’une des septs tenues de la cérémonie, symbolisant son dépouillement devant Dieu. On tend au-dessus d’elle un “dais”, un linge blanc en dentelle.
Alors arrive le moment central de la cérémonie religieuse. L’archevêque de Canterburry avec l’huile sainte, dont la base est la même que celle utilisée lors du sacre de Georges VI, oint la nouvelle reine sur la paume des deux mains, la poitrine et le front. Il dit alors : “ De même que Salomon fut oint roi par Zadok le prêtre et Nathan le Prophète, soyez aussi ointe, bénie et consacrée, Reine des peuples que le Seigneur votre Dieu vous a donnés à régir et à gouverner “.
Ce geste symbolise l’entrée en sacerdoce de la reine. Non pas “ordonnée” mais “consacrée”, la jeune reine de 26 ans promet ainsi de servir Dieu, ce qu’elle fera jusqu’à sa mort, le 8 septembre 2022 .
L’Europe compte aujourd’hui dix monarchies : la Belgique, le Danemark, l’Espagne, le Luxembourg, le Liechtenstein, la principauté de Monaco, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède et la Grande-Bretagne. Le fait d'être couronné ne veut pas dire avoir un rôle de dirigeant religieux. Par exemple, le roi de Belgique n’a qu’un rôle constitutionnel. Dans la plupart des royaumes européens s’est installée une forme de “laïcité monarchique”, l’Espagne en est l’exemple type. Lors du couronnement de Felipe VI, qui accéda au trône espagnol en 2014, refusa toute cérémonie religieuse. Aucune monarchie européenne n’a aujourd’hui autant de poids dans la vie religieuse que la reine n’en avait en Angleterre.
Avec la mort d’Elizabeth II, chef de l’Eglise anglicane, la dernière reine chrétienne s’éteint. Son fils, Charles, qui prendra sa suite dans quelques semaines sur le trône d’Angleterre devrait, en toute logique, accepter également cette mission. Charles III décidera t'il de suivre les pas de sa mère et d’accepter l’onction sacrée ou comme Felipe VI choisira t'il de renoncer à son devoir de chef religieux ?
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