Les totalitarismes auraient-ils inventé une forme de bonheur ? La question peut sembler provocante. Mais si les régimes staliniens ou nazis ont été des espaces de violence et de terreur, il faut bien tenter de comprendre comment ils ont pu susciter une immense adhésion de populations entières.
Les totalitarismes auraient-ils inventé une forme de bonheur ? La question peut sembler provocante. Bernard Bruneteau rappelle d'abord que les régimes staliniens ou nazis "étaient d’abord des espaces de violence, de non-droit et d’exclusion de catégories entières de la population".
Historien des idées, spécialiste des totalitarismes, il a déjà beaucoup travaillé sur la terreur. Restait à résoudre "l’énigme apparente de la popularité immense de ces régimes". Bernard Bruneteau, professeur émérite de sciences politiques à l'université de Rennes-I, a donc publié "Le bonheur totalitaire - La Russie stalinienne et l'Allemagne hitlérienne en miroir" (éd. Cerf, 2022).
Les régimes totalitaires ont suscité de la part de populations entières une "mobilisation, un enthousiasme, un adhésion, un consensus"… Bernard Bruneteau parle même de "résilience". Selon l’historien, "il y avait une forte conscience aussi dans l’adhésion" ; il n’y avait donc pas que des cas de servitude volontaire comme on l’a souvent dit.
Comment comprendre cette adhésion consciente ? "Parce qu’ils étaient dans les dispositifs d’inclusion" certains "acceptaient de fermer les yeux sur les dispositifs d’exclusion". Inclusion et exclusion sont les deux aspects indissociables du régime totalitaire.
Évoquer le "bonheur totalitaire" c’est mettre en valeur "l’autre facette de ces régimes". Un travail indispensable pour comprendre les régimes totalitaires. Car ce qui les différencie en effet des dictatures autoritaires traditionnelles, c’est précisément leurs "capacités d’adhésion, d’encadrement et surtout de promotion". "Des dispositifs de promotion de gratification symbolique ou matérielle, qui permettent l’inclusion et pas seulement la répression."
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