Lors d'une EMI, les représentations que l'on a de l'au-delà et du paradis resurgissent souvent avec intensité. Que dit l'Église catholique des expériences de mort imminente ? Peut-elle les authentifier comme elle le fait pour des guérisons miraculeuses ?
Pour certains scientifiques, les expériences de mort imminente (EMI) sont l'effet d'un pur dysfonctionnement du cerveau. Pourtant, on est parfois tenté de croire à quelque chose de spirituel. Les EMI sont-elles des expériences mystiques ? Cet "être de lumière" rapporté dans plusieurs témoignages ou la sensation puissante de se sentir aimé sont-ils des manifestations divines ? Qu’en dit l’Église catholique ?
D'après une récente étude américaine, durant les derniers instants de l’existence, l’activité cérébrale redouble. Ce qui peut signifier que la personne peut entendre et percevoir des sensations très particulières. Pour certains scientifiques, l’EMI est l’effet "d’un pur problème de dysfonctionnement du cerveau, rapporte le neurobiologiste Jean-Pierre Rospars, et donc que ce sont des expériences parfaitement illusoires."
Cette interprétation montre combien parfois la science a "du mal à penser que l’esprit soit autre chose que le fonctionnement neurobiologique du cerveau", observe le jésuite et philosophe Éric Charmettant. Mais il y a des experts pour admettre que l’EMI a quelque chose d’inexplicable. "Il y a une dimension qui est liée au cerveau mais pas seulement, propose Jean-Pierre Rospars, il y a quelque chose du sens et de la signification que l’on ne peut pas expliquer simplement en description neurobiologique."
Ma vie a pris une autre tournure plus sereine, plus paisible et plus belle, j’ai un point de vue sur la vie beaucoup plus doux
"Si les personnes peuvent raconter ce qui leur est arrivé, c’est qu’ils ne sont pas morts, leur cerveau n’est jamais mort", précise le neurobiologiste, qui ne tient pas pour autant à "nier ni dévaluer le sentiment du sujet d’avoir été proche de la mort". Ce qui peut sembler "paradoxal", souligne Éric Charmettant, c’est que cette "expérience de contact ou d’amour très fort" ne relève "pas tellement de la mort mais d’une vie plus profonde". Comme s’il s’agissait "d’aller plus loin dans cette question des relations aux autres et à l’environnement… Du coup, ça nous parle plus d’une vie en plénitude que directement d’expérience de la mort."
Ce qui rejoint le témoignage de Christine Clémino : "Je n’ai jamais été plus en vie qu’à ce moment-là !" raconte-t-elle. "Le plus fort, c’est que j’ai découvert tout ce potentiel de vie que j’avais en moi." Elle qui "manquait de confiance" en elle, a "dépassé" ses "conditionnements" et découvert "une possibilité d’exister bien supérieure à ce [qu’elle croyait]". Son EMI a eu un effet de "guérison". "Ma vie a pris une autre tournure plus sereine, plus paisible et plus belle, j’ai un point de vue sur la vie beaucoup plus doux."
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Les EMI sont-elles de l’ordre de la manifestation divine ? Du miracle ? Un peu comme pour les guérisons inexpliquées de Lourdes, il est "difficile d’authentifier entre guillemets cette expérience religieuse", explique le Père Charmettant. "Ce qui compte en fait aussi pour l’authentification c’est la dimension du sens : comment ça prend sens dans l’histoire de la personne, le sens aussi par rapport à la foi chrétienne."
Ainsi, après une EMI, c’est parfois "une vie nouvelle qui est donnée". Tout comme pour ceux qui vivent "des moments importants de conversion ou de prise de conscience de leur vie", à l’image de l’expérience qu’a fait Ignace de Loyola (le fondateur des jésuites), d’une "illumination" en 1522, en longeant la rivière du Cardener, en Espagne - la fameuse "illumination du Cardener".
Notons que les personnes agnostiques vivent rarement une conversion spirituelle après une EMI, comme a pu observer Jean-Pierre Rospars. Le neurobiologiste a toutefois noté que l’EMI "ne les rapproche pas des Églises". "Ils pensent que leur expérience est complètement différente de ce qu’enseignent les Églises." Par exemple, ils ne se sont pas sentis jugés, contrairement aux représentations de la mort que véhiculent les images du jugement dernier. Sans doute les chrétiens ne parlent pas assez d’un Dieu de miséricorde et d’amour...
Quel que soit le parcours spirituel de la personne, suggère Éric Charmettant, "les EMI en tant que telles peuvent être un moment important pour se remettre dans une direction" de charité ou "d’importance" accordée à "la vie humaine".
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