Les expériences de mort imminente fascinent et intriguent. Si le monde anglo-saxon est avancé sur le sujet, la médecine française rechigne à se pencher sur la question. Elle passionne le psychiatre Christophe Fauré. Rencontre.
La mort est-elle la fin de notre conscience ? Les EMI, mais aussi les expériences de fin de vie (EFV) ou les vécus subjectifs de contact avec un défunt (VSCD) ont de quoi nous troubler. Ces phénomènes interpellent les scientifiques aujourd'hui. De leur côté, les spiritualités et les religions affirment depuis longtemps que la mort n'est pas la fin de tout. Psychiatre et psychothérapeute spécialisé dans la fin de vie, le Dr Christophe Fauré scrute les dernières découvertes scientifiques. Mais il s'intéresse aussi à la sagesse des anciens et aux spiritualités. Il est l'auteur de "Cette vie... et au-delà" (éd. Albin Michel).
Une EMI est un vécu subjectif de contact avec un défunt. Malgré une "sortie de corps", la personne peut ressentir des émotions. Les personnes qui ont vécu une EMI font souvent face au scepticisme de leurs proches, qui doutent de leur parole. Le Dr Christophe Fauré fustige la mauvaise réception des témoignages en France. Des centaines de milliers de personnes ont vécu ces expériences pendant des décennies sans jamais en parler, "par honte". Le présupposé était que ces expériences ne pouvaient être que le fruit d’un dysfonctionnement du cerveau. Encore aujourd’hui, le psychiatre fait face à des objections.
Quelle que soit la religion ou la spiritualité de ceux qui ont vécu une EMI, tous disent avoir ressenti une "immense lumière émanant de l’amour". Parfois, des proches décédés se présentent à la personne avec une même question : "Qu’as-tu fait de ta vie ? comment as-tu aimé ?" Des question qui incitent souvent à faire par la suite une relecture de sa vie.
"Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt." Christophe Fauré cite ce proverbe chinois pour souligner l’importance du recul à prendre sur une telle expérience. Les EMI sont ainsi un point de bascule. Après en avoir vécu une, les personnes décident de donner du sens à leur métier, de prendre soin de leurs proches... Ces transformations sont profondes et s’opèrent donc sur plusieurs mois ou plusieurs années. Le témoignage est compliqué, mettre des mots sur une expérience aussi étonnante aussi.
Aussi, ce qui est notable, c’est la disparition complète de la peur de la mort. D’une EMI émerge une soif de vivre, une quête de sens. "Il y a aussi des expériences négatives", ajoute Christophe Fauré. Soit les personnes voient des éléments qui font peur, ont l’impression de sombrer sans fin ou sont plongées dans des environnements malfaisants et malveillants. "Ça reste très rare, entre 4% et 20%." D’autres expériences existent, comme les vécus subjectifs de contact avec un défunt. Il s’agit d’une perception très courte d’une personne que l’on a perdue, qui rassure et apaise.
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