Guillaume Goubert nous parle d’une exposition parisienne qui connaît un remarquable succès. Il s’agit de l’exposition consacrée à l’artiste mexicaine Frida Kahlo présentée au palais Galliera où se trouve le musée de la Mode de la ville de Paris.
Je le dis d’emblée : si vous souhaitez la visiter, prenez la précaution de réserver votre entrée sinon vous risquez de faire la queue longtemps, voire de ne pas entrer. L’affluence confirme la fascination planétaire que suscite cette femme, née en 1907 et décédée en 1954 à l’âge de 47 ans. Frida Kahlo s’est imposée comme une des figures les plus marquantes de l’art au XXe siècle.
Cela ne s’explique pas seulement par l’originalité - pourtant bien réelle - de sa peinture. Cela tient surtout à la manière dont elle a imbriqué étroitement son art et sa manière de vivre. La vie de Frida Kahlo a été marquée de bout en bout par la douleur et le handicap. À l’âge de 6 ans, elle contracte une poliomyélite qui atrophie sa jambe droite. À 18 ans, elle est victime d’un terrible accident de la circulation qui endommage gravement sa colonne vertébrale. Ce qui l’oblige à porter un corset orthopédique, à subir de très nombreuses opérations au fil des ans et l’empêche de mener à terme plusieurs grossesses. Peu de temps avant sa mort, elle doit encore subir l’amputation d’une de ses jambes atteinte par la gangrène.
Frida Kahlo a transcendé tous ces malheurs d’une manière extraordinaire. D’abord par la peinture. C’est durant la convalescence qui suit son accident qu’elle commence à peindre, couchée dans un lit que sa mère a équipé d’un chevalet et d’un miroir. Son art de l’autoportrait trouve là sa source.
Ensuite, Frida Kahlo conjure ses handicaps par un art vestimentaire éblouissant. Cette très jolie femme porte des tenues traditionnelles mexicaines qu’elle compose avec un sens exceptionnel des matières et des couleurs. Elle pousse cette mise en scène d’elle-même jusqu’à peindre des motifs sur ses corsets orthopédiques. Et elle équipe sa prothèse de jambe d’une botte en cuir rouge brodée de motifs chinois.
Cette exposition est le fruit d’une histoire étonnante. À la mort de Frida Kahlo, en 1954, son mari, le célèbre peintre Diego Rivera, auteur d’immenses fresques, a enfermé dans des placards une grande partie des affaires de sa femme. Et ces placards sont restés fermés jusqu’en 2004. On a découvert alors de très nombreux vêtements, bijoux et autres objets personnels comme des flacons de parfum ou du maquillage.
On découvre donc au palais Galliera une garde-robe d’une douzaine de tenues, magnifiques, mais aussi de nombreux portraits de Frida Kahlo par de grands photographes qui étaient fascinés par son style et son allure. Photographies superbes qui ont contribué à la célébrité mondiale de l’artiste.
Et bien sûr, il y a des tableaux, même s’ils n’occupent pas la première place. Tableaux empreints d’une naïveté souvent cruelle qui fascinait les surréalistes. On voit là resurgir la douleur qui habitait Frida Kahlo, mais qu’elle refusait de subir. Elle qui a dit un jour : “Pourquoi voudrais-je des pieds puisque j’ai des ailes pour voler ?”
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