A l’occasion des 50 ans de la disparition du peintre espagnol, le musée du Luxembourg ouvre mercredi 13 septembre une exposition consacrée à Pablo Picasso ainsi qu’à Gertrude Stein, femme de lettre américaine. Deux artistes dont l’amitié et la complicité ont inspiré Guillaume Goubert pour parler de cette exposition rythmée entre la vie parisienne des deux artistes et l’admiration suscitée par l’écrivaine vis-à-vis de nombreux autres peintres du XXème siècle.
Le cinquantenaire de la mort du peintre le plus célèbre du XXe siècle donne lieu cette année à de nombreuses manifestations, dont une exposition qui ouvre demain au Musée du Luxembourg à Paris. Elle est intitulée « Gertrude Stein et Pablo Picasso, l’invention du langage ».
A vrai dire, l’exposition s’intéresse principalement à Gertrude Stein. Mais comme cette femme de lettres américaine est beaucoup moins connue que le peintre espagnol, il était utile, pour le succès de l’exposition, de mettre en avant le nom de Picasso.
Ce n’est pas pour autant une escroquerie car l’amitié entre les deux artistes a été réelle et a beaucoup nourri leurs recherches respectives pour s’écarter de l’académisme. Gertrude Stein disait : « Pablo fait des portraits abstraits en peinture. J’essaie de faire des portraits abstraits avec mon medium, les mots. »
Gertrude Stein et ses frères, Leo et Michael, étaient, au tout début du XXe siècle, des Américains à Paris. Rentiers, sans être millionnaires, ils se passionnaient pour la vie artistique de la capitale française et en particulier pour la peinture. Ils achetaient des toiles de Cézanne, Renoir, Vallotton, Matisse et donc Picasso dont ils furent les premiers collectionneurs, aidant ce dernier à sortir de la dèche dans laquelle il vivait.
Pablo fit de Gertrude un portrait très marquant qui est aujourd’hui au Metropolitan Museum de New York. Picasso avait alors 24 ans et Gertrude Stein 31. Leur amitié qui n’avait rien d’amoureux (Gertrude était homosexuelle) les amena, chacun dans leur domaine, sur la voie du cubisme en utilisant la répétition, les collages, la multiplication des points de vue.
La première des deux parties de l’exposition retrace magnifiquement ce moment parisien avec de superbes toiles de Cézanne, Matisse, Georges Braque, Juan Gris et bien sûr Picasso. Notamment des travaux préparatoires pour un tableau capital dans l’art du XXe siècle, Les Demoiselles d’Avignon.
La deuxième partie évoque l’étonnante aura dont bénéficiait Gertrude Stein chez les artistes américains dans les décennies qui ont suivi la Seconde guerre mondiale. (Gertrude, elle, est morte à Paris en 1946). Son portrait par Picasso est devenu une sorte d’icône et son style littéraire a inspiré beaucoup de créateurs. Plusieurs d’entre eux étaient issus d’une célèbre école d’art, le Black Mountain College : John Cage, l’un des pères de la musique répétitive, le chorégraphe Merce Cunningham ou le peintre Robert Rauschenberg. Même influence assumée sur des artistes vidéo comme Nam Jun Paik ou Bruce Nauman. Sans oublier Andy Warhol qui a consacré à Gertrude Stein deux très beaux portraits, dont un figure dans une série magistrale intitulée Dix portraits de juifs du XXe siècle.
Cette seconde partie de l’exposition comprend des oeuvres très radicales dont certaines m’ont paru magnifiques, d’autres m’ont laissé très perplexe. J’ai découvert à ce propos une phrase de Gertrude Stein qui m’a beaucoup réjoui selon laquelle « une oeuvre d’art est soit inestimable, soit sans valeur ». Et chacun est libre de son choix.
Musée du Luxembourg, jusqu’au 28 janvier 2024
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