Liège
Dans les ouvrages sur la peinture liégeoise ancienne, Gilles Hallet (1635-1694) est traditionnellement rangé au nombre des meilleurs peintres du XVIIe siècle au pays de Liège. Ce qui ne manque pas de surprendre quand on constate que celui-ci a fait toute sa carrière … à Rome. Après Gérard de Lairesse et Louis Counet, il se révèle sans doute le plus célèbre des peintres liégeois du XVIIe siècle qui se soient expatriés. Examinons donc la carrière romaine de cet artiste d’origine principautaire peu connu.
Cousin germain du grand peintre liégeois Walthère Damery, Gilles Hallet suit une première formation de peinte à Liège, peut-être auprès de ce Damery, avant d’aller se perfectionner à Rome, d’où il ne repartira plus… Il s’est expatrié très jeune encore puisqu’il a à peine vingt ans lorsqu’il est repris dans un recensement sanitaire de la population de Rome lors d’une épidémie de peste.
Les Stati d’anime, soit les recensements annuels de la population romaine à l’approche de Pâques, permettent de suivre sa trace au gré de ses différentes résidences à Rome. On le suit en effet de paroisse en paroisse, mais toujours dans le quartier dit du Parione, celui du Panthéon et de la place Navone. Il réside d’abord dans la paroisse San Lorenzo in Lucina, puis à San Lorenzo in Damaso et enfin à San Tommaso in Parione.
Hallet semble avoir travaillé dans la sphère et dans la manière de Carlo Maratta, la figure de proue de la peinture romaine de la seconde moitié du XVIIe siècle. La plupart des rares tableaux de sa main sont conservés dans des églises de Rome. Les principaux sont une Naissance de la Vierge de l’église Santa Maria dell'Anima, église des Liégeois de Rome, et deux toiles sur le thème de saint Antoine de Padoue dans une chapelle de l’église San Isidoro, l’église romaine des franciscains irlandais. Deux petits tableaux signés de l’Adoration des bergers et de l’Adoration des Mages sont passés en vente il y a une quinzaine d’années et ils sont les seuls à illustrer sa production pour des clients privés.
En raison de sa grande piété, Hallet a été appelé, dans les années 1680, à peindre une Vierge à l’Enfant qui connut un succès populaire sans précédent, à telle enseigne qu’elle fut bientôt considérée comme une image miraculeuse. La petite chapelle où la toile avait été installée fut bientôt transformée en église et le tableau trône encore de nos jours au maître-autel de cette église, dénommée Santa Maria delle Fornaci. Pour répondre à la piété de pèlerins de plus en plus nombreux, une confrérie appelée la « Congregazione degli Operai della Divina Pietà » commanda à Gilles Hallet une réplique en tous points semblable. On ne sait si c’est la version originale ou la copie qui fut donnée à cette confrérie des œuvres de la divine piété. Toujours est-il qu’une deuxième version du tableau orne une autre église de Rome, San Gregorio a Ponte Quattro Capi. Les deux églises se disputent aujourd’hui encore la possession de la première version réalisée par le peintre liégeois…
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