Liège
Fils de graveur, Jean Valdor le Jeune a dû être formé par son père dans cet art. Il ne l’a toutefois guère pratiqué et son grand œuvre, un volumineux recueil de textes et de gravures en hommage au défunt roi Louis XIII, lui doit beaucoup moins que ce qu’il a prétendu. Valdor fut certes le coordinateur de ce gros volume sorti de presse en 1649, mais il n’a sans doute guère réalisé de gravures lui-même ; elles émanent de multiples collaborateurs, dont plusieurs artistes liégeois.
Jean Valdor le Jeune (1616-1675) est souvent recensé comme l’un des principaux graveurs liégeois du XVIIe siècle. À bien y regarder, il n’a que très peu gravé. Il n’est guère connu que par le gros volume des Triomphes de Louis le Juste que lui avait commandé la reine régente Anne d’Autriche en hommage à son défunt mari. Dans l’introduction à ce volume publié à Paris en 1649, Valdor s’attribue la paternité de la majorité des gravures, mais des études récentes montrent que celui que certains de ses contemporains considéraient comme un individu très prétentieux a peu gravé lui-même et qu’il s’est indûment attribué la paternité d’estampes qui revenaient en réalité à d’autres. Il semble que Valdor ait, au mieux, choisi les sujets de gravures, sélectionné ses collaborateurs et assuré la coordination générale de ce qui s’est quand même avéré l’une des plus grandes entreprises éditoriales du siècle.
S’il ne fut pas un graveur de grand talent, Valdor n’en fut pas moins une personnalité de premier plan dans le Paris du milieu du XVIIe siècle. Grâce à son volume des Triomphes, il obtint la reconnaissance de la cour, dont il resta toujours proche, en particulier du chancelier Pierre Séguier. Par son entregent, il reçut diverses charges tant honorifiques que rémunératrices, comme celle de gentilhomme servant du roi, d’intendant des bâtiments du duc d'Orléans (frère du roi) ou de surintendant des postes, courriers et relais du pays de Liège en France. Le prince-évêque de Liège et archevêque de Cologne le désigna même comme son ambassadeur à Paris.
Son activité principale fut cependant celle de marchand d’œuvres d’art et de curiosité, spécialement de tapisseries. Son épouse était apparentée à la célèbre famille Brueghel, ce qui lui permit de servir d’intermédiaire commercial entre Anvers et Paris. Il fut également très proche de Charles Le Brun, avec lequel il créa la manufacture des Gobelins. C’est même le Liégeois qui introduisit ce peintre à la cour de France, avec le succès que l’on sait…
À la fin de sa vie, en 1670 plus précisément, Valdor remit ses affaires à son fils aîné et il se retira au calme à Liège. Il parvint à obtenir là, sans doute avec l’appui du prince-évêque Maximilien-Henri de Bavière, une prébende de chanoine à la collégiale Saint-Denis. Mais son inclination pour le commerce fut plus forte et c’est ainsi qu’on le retrouve négociant encore des tableaux et des tapisseries à Bruxelles au début des années 1670.
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