Comment être plus relié à son intériorité ? Comment traverser les turbulences de la vie qui nous épuisent ? Comment développer sereinement une meilleure estime de soi ? À l’occasion de la sortie de son nouveau livre "La vie profonde" (éd. Cerf), Jean-Guilhem Xerri nous donne des clés pour vivre plus intensément, plus profondément et surtout plus librement, dans le quotidien parfois morose que nous traversons.
Si l’on entend parfois des critiques s‘élever contre le développement personnel et la quête spirituelle, en leur reprochant d’être déconnectés du réel, désincarnés ou nombrilistes, ces réserves ne peuvent concerner les travaux de Jean-Guilhem Xerri. Biologiste de formation, coach, investi dans la transformation de l’assistance publique et des hôpitaux de Paris, il est aussi psychanalyste et auteur de plusieurs ouvrages à la croisée de la spiritualité chrétienne et du développement personnel. Pendant des années il a été à la rencontre des gens de la rue, avec l’association Aux captifs la libération.
Jean-Guilhem Xerri a beau être chrétien, il est très à l’aise avec le développement personnel ! Il fait lui-même le constat pour beaucoup de catholiques ont une vision morale du développement personnel, qu’ils associent à du narcissisme, de l’égoïsme, de l’auto-centrement ou du nombrilisme. "Je suis coach et aussi psychanalyste, j’ai forcément une lecture un peu en contrepoint de cela." En psychanalyse, en effet, le narcissisme n’est ni bon ni mauvais en soi. "C’est une réalité psychique qui me permet d’être à moi-même, à l’autre et au monde."
Certes, il existe bien des types de personnalité égocentrées, tournées vers soi : là, "on peut se dire que ça n’est pas bon pour le développement de sa propre personne", admet Jean-Guilhem Xerri. De fait la spiritualité nous dit que "la croissance d’une personne passe par l’ouverture de cette personne à autrui".
Mais dans la culture catholique, on a souvent défendu comme une vertu le fait d’avoir une faible estime de soi, au nom de l’humilité. "Une grave confusion", pour le psychanalyste : "L’humilité n’est pas de se sous-estimer, mais de se reconnaitre infiniment petit devant l’infiniment grand de la grâce, devant la Vie avec un grand V qui m’est donnée… ça n’a rien à voir avec la dévalorisation de soi-même. La dévalorisation de soi-même est toujours tournée vers soi !"
Que l’on soit hyper-narcissique ou hypo-narcissique, à trop s’aimer ou s’aimer trop peu, cela donne "des personnalités qui prennent cher et dont l’entourage aussi prend cher !" Il faut apprendre à s’aimer soi-même avec justesse : comme le dit Bernanos, "la grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même".
Dans la préface de son livre, Jean-Guilhem Xerri se confie : "C’est un homme fatigué et en colère qui a écrit ce livre, et néanmoins bien vivant." Une introduction qui ne colle pas vraiment avec l’image du coach serein qui va nous aider à le devenir ! Sa fatigue physique et mentale, il la doit à ses activités professionnelles dans la fonction hospitalière, après 18 mois où les soignants ont été très sollicités durant la pandémie de Covid-19, dont lui-même a été atteint. Sa colère - "il n’y a pas d’émotion plus énergivore que la colère", dit-il – concerne "l’impréparation de notre pays, la posture médiatique de tel ou tel médecin, ce qu’est devenu notre système de santé…"
Malgré la fatigue et la colère, on peut éprouver le sentiment d’être profondément vivant. "Se sentir vivant, ça renvoie à la vie spirituelle : à ce qui donne cette vitalité profonde, cette vie profonde." Et si faire l’expérience, radicale et pourtant si simple, de cette vie profonde en soi pouvait nous aider à trouver une juste estime de nous-mêmes ?
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