Quoique beaucoup moins connu que Léonard Defrance, Joseph Dreppe a eu un rôle artistique important à Liège dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, quoi que son nom ait été largement oublié jusqu’au milieu du XXe. Il servit différents régimes. Ainsi, il participa à la création de la Société d’Émulation parrainée par le prince-évêque Velbrück. Le successeur de celui-ci, le conservateur Hoensbroeck, le nomma, en remplacement de Defrance, directeur de l’Académie de peinture.
Quelques années plus tard, Dreppe se mit tôt au service de la Révolution et participa, dans ce contexte, aux spoliations du patrimoine religieux local. Rares sont ses peintures connues, mais ses dessins témoignent d’un remarquable tempérament dit pré-romantique. On évoque cette figure en compagnie de Régine Rémon, ancienne conservatrice du Musée des Beaux-Arts de Liège et jadis commissaire d’une exposition qui fut consacrée à Dreppe pour commémorer le bicentenaire de son décès, en 2010.
À Liège, Joseph Dreppe semble d’abord avoir été l’élève de son père, qui était graveur. Pour la peinture, il suivit l’enseignement de Jean Latour, l’un des maîtres locaux les plus productifs au milieu du siècle. De 1758 à 1761, il poursuivit sa formation à Rome, où il vécut à la Fondation Darchis, foyer qui accueillait les jeunes clercs et artistes liégeois poursuivant leur formation dans la capitale de la chrétienté. Il fut là le condisciple du jeune André-Modeste Grétry, dont il peindra une vingtaine d’années plus tard un tableau d’hommage évoquant le grand succès que le musicien liégeois avait entre-temps connu à Paris.
La plupart de ses tableaux ont disparu ; on ne connaît de sa main qu’une petite dizaine de peintures, essentiellement sur des sujets d’histoire locale. Ses dessins sont mieux connus, essentiellement grâce à l’ensemble d’environ quatre-vingt pièces issues de la collection du chanoine Henri Hamal, ami personnel de Dreppe ; cette collection a été achetée par la Ville de Liège à la fin du XVIIIe siècle et elle a constitué le noyau du Cabinet des Estampes. Ces lavis, pour partie réalisés en Italie, témoignent d’un tempérament tantôt baroque, tantôt rococo, tantôt romantique. Ses gravures sont d’un intérêt essentiellement documentaire.
Dès l’Heureuse Révolution, qui éclata à Liège en août 1789, Dreppe se mit au service du nouveau régime en réalisant des dessins et gravures allégoriques. Il suivit les patriotes en exil à Paris au retour du prince-évêque. Il succéda ultérieurement à Defrance comme agent chargé des prélèvements d’œuvres d’art dans les établissements ecclésiastiques supprimés. Il parcourut alors toute la principauté à la recherche d’œuvres majeures qu’il destinait à un muséum local ; celui-ci ne vit jamais le jour et une bonne partie des œuvres recueillies furent vendues.
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