La Renaissance est vue comme une période de bouillonnement et de renouveau intellectuel sans pareille. Et si elle était avant tout une construction politique datant du XIXè siècle?
La Renaissance est souvent présentée comme une période de bouillonnement scientifique, intellectuel et artistique, née en Italie. Dans "Une autre histoire de la Renaissance" (éd. Perrin), Didier Le Fur la présente comme une construction du XIXe siècle.
Une construction lente mais construction tout de même. Au XVe siècle en Italie, des intellectuels ont redécouvert le latin des Romans, et décidé de le remettre à l'honneur. "Ils se sont piqués de refaire du latin romain", comme dit Didier Le Fur, et même "ils se sont pris de mégalomanie de réinventer une langue et de la réimposer à culture italienne pour le prestige de la cité Florence".
Une initiative ambitieuse mais localisée. "On est vraiment dans l'idée d'un petit groupe d'intellectuels qui essaient de refaire une langue", explique l'historien. et tout un esprit de cet Italie unifiée de l'époque romaine, brillante et gouvernant le monde alors que l'Italie de l'époque est un conglomérat d'États." Enjeu Florence, comme toutes les principautés pouvoir économique, briller sur le plan intellectuel et artistique pour là où on ne brille pas sur le plan militaire.
Au siècle suivant (milieu du XVIe siècle), la notion de Renaissance réapparaît en France. Cette fois sous l'impulsion des auteurs de la Pléiade. "Une bande petits jeunes", comme on pourrait le dire avec Didier Le Fur, puisqu'il s'agit de jeunes intellectuels de 20 à 27 ans, désireux de trouver leur place au milieu des intellectuels de l'époque. En "réinventant une poésie", en "modernisant une langue" - le français - il vont "refaire la langue magnifique" - tout comme les intellectuels florentins l'avaient fait pour le latin.
Cette idée de faire renaître la langue française a eu des impacts sur le rôle et le statut de l'auteur. Jusque là sans statut et au service d'une personne, l'auteur n'existait pas en tant que tel. Avec ce petit groupe de poètes autodésignés comme la Pléiade, ils affirment le statut de l'auteur et lui donnent le rôle de transmetteur. "C'est vraiment un tout petit monde, environ 200 personnes, sauf que ces personnes écrivent et que les écrits restent..." Didier Le Fur rappelle que "jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, cette idée de Renaissance n'appartient qu'au monde intellectuel".
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