Liège
Découvrez Lambert Lombard (1505/06-1566), cette figure majeure des arts liégeois. L’un de ces artistes qui se sont détournés de la tradition gothique pour regarder vers l’art de l’Antiquité et de l’Italie de la Renaissance.
Fils d’un modeste charon né dans le quartier d’Avroy à Liège, Lambert Lombard eut sans doute une première formation à Liège auprès d’un peintre inconnu, avant d’aller se perfectionner dans les Pays-Bas auprès de grands maîtres tels qu’un peintre de la famille de Beer à Anvers ou Jean Gossart à
Middelbourg. On ne sait comment sa carrière s’est emballée, mais Lombard est déjà mentionné comme peintre officiel du prince-évêque Érard de La Marck à l’âge de vingt-six ans…
En août 1537, le prince décide d’envoyer son peintre attitré à Rome pour parfaire sa formation en étudiant les statues antiques.
Malheureusement, l’artiste ne put rester que quelques mois en Italie, en
raison du décès d’Érard, en février 1538.
Si Lombard avait déjà vu et assimilé des gravures italiennes avant son départ pour la Péninsule, ce voyage a renforcé son intérêt pour l’art de l’Antiquité et pour les nouvelles théories humanistes ; tout son œuvre ultérieur en sera profondément marqué.
L’une des grandes originalités de Lombard, c’est sa création à Liège, dès son retour d’Italie en 1538
ou en 1539, d’un enseignement théorique destiné aux peintres déjà formés. Il s’inspira pour cela de l’atelier que le sculpteur Baccio Bandinelli tenait au Vatican.
Plusieurs grands peintres flamands, tels Frans Floris et Willem Key, ont fréquenté cette schola de Lambert Lombard.
Parallèlement à sa carrière d’enseignant, Lombard dessina beaucoup, surtout autour des thèmes antiques, mais il semble avoir relativement peu peint. C’était plus un théoricien qu’un praticien, mais il s’intéressait à tous les arts – il fut notamment architecte.
Si les princes-évêques qui ont suivi Érard ont conservé Lombard à leur service, ils ne portaient pas le même intérêt aux choses de l’art, au grand dam de l’artiste.
Celui-ci bénéficia néanmoins de sinécures, telle une charge de concierge de vignobles à Sclessin, ce qui lui permettait de pratiquer son art à l’abri du besoin.
Si Lambert Lombard a acquis une grande réputation, c’est avant tout grâce à l’opuscule biographique que son disciple Dominique Lampson publia à Bruges en 1565, du vivant même du modèle célébré.
Cette Vita consacrée au grand maître liégeois, surtout orientée sur une réflexion théorique de l’art, est considérée comme le premier ouvrage d’histoire de l’art en « Belgique ».
Giorgio Vasari, le père de l’histoire de l’art occidentale, y a même fait allusion dans sa deuxième édition des Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes italiens, ce qui ne contribua pas peu à la haute réputation posthume du peintre liégeois.
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