Le regard sur le travail de Lambert Lombard (1505/06-1556), grand maître liégeois de la Renaissance, se poursuit. Les rares peintures attribuables à ce maître et surtout ses innombrables dessins y sont mis en lumière.
Jusqu’il y a peu, on ne pouvait donner avec une certitude absolue aucun tableau à Lambert Lombard (1505/06-1566), tous ceux qui étaient documentés ayant disparu de longue date. Mais les analyses stylistiques et techniques ont permis la définition d’un petit corpus ; il subsiste néanmoins bien des incertitudes.
Comme on l’aura noté à propos de la séquence de cette émission consacrée au retable bruxellois de l’église Saint-Denis, l’attribution des volets peints à Lambert Lombard, qui remonte aux premières années du XVIII e siècle, continue à poser question. Quoi qu’il en soit, sa participation d’une manière ou d’une autre ne fait pas de doute. Ces volets peints viennent tôt dans sa carrière puisque le retable a été réalisé autour de 1530, soit avant le voyage à Rome. Les différences de mains décelées dans les divers panneaux conservés pourraient s’expliquer par l’intervention de deux ateliers différents dont le travail aurait été coordonné par Lombard.
Les liens avec les dessins attestés de Lombard sont plus pour d’autres tableaux, en particulier pour la série de huit toiles sur le thème des Femmes héroïques de l’Antiquité. Les quatre premiers tableaux de cette série furent identifiés, vers 1970 seulement, à l’église limbourgeoise de Stokrooie et les quatre autres, en 1989, dans les réserves du Musée des Beaux-Arts de Liège. Les études techniques menées à l’Université de Liège puis à l’IRPA ont montré à quel point le dessin sous-jacent de certaines des peintures était proche du style de dessins bien connus de Lombard. Quelques-uns de ses dessins conservés sont d’ailleurs des œuvres préparatoires à cette série de huit tableaux réalisés pour la riche abbaye cistercienne de Herkenrode. Ceux-ci témoignent d’une réflexion typiquement humaniste en associant des thèmes chrétiens à des thèmes païens.
Ce sont surtout les très nombreux dessins conservés de Lombard qui font sa réputation. On en trouve dans les cabinets de dessins les plus illustres : British Museum à Londres, Kupferstichkabinett de Berlin, Musée du Louvre à Paris, Ashmolean Museum à Oxford, Musée des Offices à Florence, Metropolitan Museum à New York, Musée des Beaux-Arts de Budapest, Rijksmuseum Amsterdam, Albertina de Vienne, Musée du Prado à Madrid…
Mais l’ensemble le plus riche et le plus prestigieux se trouve … à Liège – il est mondialement connu dans le milieu des spécialistes de l’art de la Renaissance. Deux albums frères, celui dit d’Arenberg et celui dit de Clerembault, reprennent plusieurs centaines de dessins provenant du fonds d’atelier de Lombard et attestant notamment sa méthode de travail et son enseignement. Ils sont issus de la collection du chanoine Henri Hamal (1744-1820), le plus grand collectionneur liégeois de son temps. Ces deux albums totalisent près de huits croquis, dont la moitié environ sont de la main de Lambert Lombard, tandis que les autres sont attribuables à une trentaine de mains différentes, sans doute des élèves du maître. Une réévaluation de cet ensemble est actuellement en cours à l’ULg.
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