A l'occasion du 150è anniversaire de la création du Canada moderne en 1857, Jean-Michel Lacroix évoque l'histoire de ce pays, le deuxième du monde par sa superficie.
En 2017, le Canada fête ses 150 ans. Ou plutôt le 150è anniversaire de la Confédération, par la signature, le 1er juillet 1867, du premier Acte de l'Amérique du Nord britannique (AANB). Et l'union de quatre colonies de l'Empire britannique, l'Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Deux siècles plus tôt, en 1534, Jacques Cartier (1491-1557), cherchant un passage vers l'Asie, pénétrait dans le golfe du Saint-Laurent, découvrant des contrées jusque là ignorées de Européens, et qui allaient devenir la Nouvelle-France.
Canada. En France, le nom charrie un imaginaire globalement positif, la nature, les chalets en bois, les rennes en liberté. Façon "Maria Chapdelaine", le roman de Louis Hémon (1913) qui a entretenu l'image réductrice d'un pays essentiellement rural. Si on juge ses habitants volontiers "sympathiques", comme le dit l'historien, que sait-on vraiment de leur histoire? Du traumatisme laissé par le traité de Paris, et l'abandon de la Nouvelle-France par la France en 1763? Des oppositions entre anglophones et francophones, qui ont été jusqu'à entretenir deux historiographies parallèles?
Que sait-on des relations complexes que le pays-continent entretient avec les Etats-Unis? Les deux pays se partagent l'histoire de la conquête de l'Ouest, mais le Canada possède en plus ce que le géographe et linguiste Louis-Edmond Hamelin a nommé dans les années 60, la nordicité.
Et si en France on aime à considérer que la langue française y est parlée, selon un "néo-colonialisme conscient ou inconscient" au dire de Jean-Michel Lacroix, on ne perçoit pas toujours qu'il y a là un enjeu politique. Et que les Québécois on beau être francophones, ils sont avant tout des Nord-Américains.
9 984 670 km² (15 fois la France): que peut-on savoir réellement d'un territoire qui fait du pays le deuxième au monde pour sa superficie? Une terre qui a tant éprouvé les premiers colons luttant pour leur survie dans un monde hostile, une terre qui a fait dire à certains que le Canada c'était plus une géographie qu'une histoire. Il est vrai que la nature indomptable et le défi qu'elle représente sont constitutifs de la mentalité canadienne, encore aujourd'hui. Mais malgré l'immensité de l'espace, la population est depuis 1851 majoritairement urbaine.
Ce que Jacques Cartier a découvert depuis le golfe du Saint-Laurent, c'est une série de huttes iroquoises. Le nom Canada viendrait d'ailleurs du mot qui désigne un petit village ou un ensemble en langue iroquoise. Mais le territoire n'était pas totalement inconnu des Européens. "Au-delà des Vikings au Xè siècle, on trouve ensuite aux XIVè et XVè siècles des pêcheurs de baleine et de morue autour de Terre-Neuve", précise l'historien. Et de très nombreuses tribus amérindiennes vivaient au Canada à l'arrivée de Jacques Cartier, réparties en deux familles principales, les Iroquois et des Algonquins.
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