Liège
Dans une émission précédente, j’ai évoqué la figure d’un grand artiste anversois ayant séjourné durant quelques mois au pays de Liège au XVIIe siècle : le peintre Érasme Quellin, disciple de Rubens qui a laissé deux belles peintures dans des églises de Liège. Aujourd’hui, je voudrais retracer le bref parcours principautaire d’une autre grande figure de la peinture anversoise de cette époque, le paysagiste Gilles Neyts, qui réalisa de multiples dessins dans les régions de Dinant et de Huy.
Né à Overijse, Gilles Neyts (vers 1620-1687) s’installe bientôt à Anvers, où il se marie en 1643, où il devient franc-maître au cours de l’exercice 1647-1648 et où il rédige son testament en 1653, sans doute avant de s’expatrier. Il travaillera longtemps comme peintre itinérant, parcourant sans doute la Hollande, la France, l’Italie et l’Espagne. Il s’installera à Namur vers 1663, année au cours de laquelle il réalise une Vue de Namur conservée au Musée de Groesbeeck Croix. Il demeurera dix ans dans cette ville et il y sera un peintre reconnu. Il retournera ensuite à Anvers.
En région mosane, Neyts n'est pas actif uniquement dans le comté de Namur. Il a fait quelques incursions au pays de Liège, spécialement du côté de Dinant et de Huy. La vallée de la Meuse se trouvait au centre des préoccupations artistiques de ce paysagiste minutieux.
Pour Dinant, on connaît au moins deux dessins et quatre tableaux (datés 1663 ou 1664) conservés représentant la cité mosane. Ont aussi été identifiés quatre dessins et un tableau illustrant Bouvignes, petite ville des Pays-Bas espagnols située en face de Dinant, sur l’autre rive de la Meuse. On a, en outre, de sa main des dessins montrant le château de Montaigle, celui de Poilvache ou encore un château situé à Agimont, entre Dinant et Givet.
En 1986, la Ville de Huy a acquis, dans des conditions fort discutables, un Paysage avec une vue de Huy signé de Neyts et remontant aussi aux années 1660. Le véritable sujet du tableau, c’est le vaste paysage et non pas la cité mosane.
L'attention que Neyts a portée au château de Huy est évidente ; ce monument apparaît dans au moins quatre dessins et l’artiste l'a saisi sous tous les angles. Neyts va le reprendre par la suite dans plusieurs tableaux, parfois des années plus tard. Par les dessins conservés, on peut deviner le périple réalisé par Neyts dans la région hutoise. Il est allé à Moha, à Tihange, mais aussi à Jehay, dont il a donné trois dessins montrant le fameux château.
Dans ses paysages avec des vues de Dinant ou de Huy, la représentation de ces deux villes se révèle fort secondaire : il s’agit plutôt d’un détail et elle n’a guère de valeur topographique. Les dessins et les tableaux de Neyts illustrent à merveille la méthode de travail de la majorité des paysagistes de l'époque. Au gré de ses pérégrinations, l’artiste a multiplié les croquis des édifices qui lui paraissaient les plus intéressants à insérer dans ses tableaux. Mais ceux-ci offrent en fait des reconstructions artificielles. Le peintre aime opposer ses architectures un peu écrasantes, baignées d'un parfum de mystère que souligne le voile des effets de brume bleutés, à la placidité des petits personnages chatoyants du premier plan ; ceux-ci sont représentés en véritable échantillon des bourgeois du temps auxquels le peintre destinait sa production.
Découvrez encore plus de "leçons" d'histoire de l'art liégeois par Pierre-Yves Kairis dans son émission "D'art et d'histoire de Liège" sur RCF Liège.
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