À l’occasion de la Nuit européenne des musées, qui se tient pour sa 19e édition ce samedi 13 avril, se pose la question de l’accès à ces derniers. L’idée reçue selon laquelle les musées et la culture sont réservés aux privilégiés et intéressent une moindre frange de la population semble se maintenir. Pourtant, de nombreux acteurs travaillent main dans la main pour faire tomber les barrières et donner accès à la culture à l’ensemble de la population. Mais reste le défi d’intéresser et d’attirer tous les publics.
L’art nourrit l’esprit. "Tout le monde en a besoin", estime Cindy Barotte, fondatrice et directrice de l’association ARTZ. On ressort souvent enrichi et satisfait d’une visite muséale, "ça fait du bien", ajoute-t-elle. Pour Odile de Courcy, engagée à l’association ATD Quart Monde, la culture fait même partie des droits : "comme le droit au logement ou à la santé, elle est un levier de lutte contre la pauvreté et l’exclusion".
Quel que soit le handicap, la situation financière ou le milieu social des publics, ils doivent pouvoir accéder à la culture. "Quand on va au musée, c’est pour une émotion", confie Marie-Pierre Warnault, non-voyante et chargée de prospective en médiation à la Cité de l’architecture et du patrimoine. "Cette émotion, on peut la percevoir grâce à la médiation". Bien sûr, cela se fait d’une manière différente, puisque les visites pour les déficients visuels se font en audiodescriptions ou parfois même avec le toucher, mais tous ces dispositifs doivent être systématiquement proposés.
Par ailleurs, les personnes touchées par la maladie d’Alzheimer sont aussi souvent oubliées. "Quand on est atteint par la maladie d'Alzheimer, le musée représente ce que l’on perd et c’est intimidant", explique Cindy Barotte. Pour cette dernière, "l'art est le plus court chemin de l’Homme à l’Homme". C’est pour cela qu'il est nécessaire d’optimiser les musées afin d’y attirer tous les publics. En effet, ceux-ci peuvent créer du lien et doivent être source de partage, non pas de clivage.
Des évolutions positives s’observent dans de nombreux lieux culturels. "Il y a une volonté de plein de musées de mettre en place des moyens pour accueillir tous les publics", indique Odile de Courcy. Avancer sur ces problématiques n’est pas évident mais le défi peut être relevé avec une réflexion et des actions communes. "Le travail se fait collectivement et en amont", estime la membre d’ATD Quart Monde. L’un des freins restants quant à l’accessibilité est le coût. "Créer une exposition accessible coûte 10 % de budget en plus et rendre accessible des dispositifs existants coûte 40 % de plus", révèle Marie-Pierre Warnault qui déplore un manque d’échange avec les conservateurs et les commissaires d'exposition.
"En moyenne, on passe 10 à 15 secondes devant une œuvre", indique Cindy Barotte. Qu’il s’agisse des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer ou des autres, beaucoup d'entre elles sont concernées par l’effet d'entraînement. Cette problématique joue sur le temps passé devant un tableau ou une sculpture, d’où l’importance de proposer des outils pour appréhender les œuvres. Sinon, "on se dit d’emblée qu’on n’y connaît rien", selon la fondatrice et directrice d’ARTZ. Pour celle-ci, "ce qu’il manque souvent c’est la possibilité d’être acteur".
Des réflexions sont ainsi menées partout pour rendre les expositions accessibles, tant celles permanentes que temporaires. "Il y a eu une vraie évolution au niveau des musées et de la culture, notamment sur la problématique des publics empêchés", explique Marie-Pierre Warnault. Le musée du Quai Branly serait un exemple à suivre en la matière. "L’accessibilité est environnementale au Quai Branly, les films qui accompagnent certaines œuvres et la pénombre ambiante mettent celles-ci en avant", détaille Cindy Barotte.
"Il faut que tous se sentent à leur place au musée", insiste Marie-Pierre Warnault. Pour cela, la barrière des prix d’entrée doit tomber. "Les musées devraient être gratuits", considère Odile de Courcy, pour laquelle cette condition est "nécessaire mais pas suffisante pour attirer les gens au musée". Par exemple, Cindy Barotte évoque le fait de pouvoir s'asseoir davantage lors d’une visite. "Beaucoup de musées manquent de sièges, on s’y rend souvent avec des petites chaises pliables", confie-t-elle. De nombreuses pistes sont ainsi explorées pour rendre les musées d’autant plus ouverts à tous, même si bon nombre d’entre eux évoluent dans la bonne direction.
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