L'obélisque de la place de la Concorde est le plus vieux monument de Paris. En ce début d’année, il est l’objet d’un chantier de restauration qui va durer jusqu’au mois de juin. Cette remise en beauté marquera le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens par Jean-François Champollion.
À l’origine, en 1829, il y a justement la volonté du vice-roi d’Égypte, Méhémet-Ali, de faire un cadeau à la France pour la remercier du travail de Champollion. Beau cadeau puisqu’il porte sur deux obélisques. Champollion arrête son choix sur des exemplaires situés à l’entrée du temple de Louxor. Problème, Louxor se trouve à 700 km en amont sur le Nil. Ce qui complique beaucoup le transport jusqu’à Paris. La marine nationale a dû mettre en chantier à Toulon un navire spécialement destiné à l’opération,
Ce navire était assez particulier car il devait être capable de transporter un bloc de granit long de 23 mètres et pesant plus de 200 tonnes. Ce bâtiment devait aussi pouvoir naviguer en haute mer, ne pas dépasser 2 mètres de tirant d’eau pour la remontée du Nil et ne pas dépasser 9 mètres de large pour passer sous les ponts de la Seine. Le voyage durera au total près de trois ans. Il faudra notamment attendre pendant huit mois une crue du Nil qui permette au bateau, chargé de l’obélisque de redescendre de Louxor jusqu’à la Méditerranée.
Le monument sera finalement érigé place de la Concorde le 25 octobre 1836. 350 artilleurs, en actionnant des cabestans, ont relevé l’obélisque. Cela leur a pris trois heures. Pendant lesquelles, l’ingénieur qui conduisait l’opération, dénommé Apollinaire Lebas, s’est tenu en permanence sous l’obélisque. Car il ne voulait pas survivre en cas d’échec.
L’emplacement est très prestigieux. L’obélisque se situe dans l’alignement historique de Paris qui relie le palais du Louvre à l’Arche de la Défense en passant par les Champs-Élysées et l’Arc de Triomphe. Mais il y a une autre raison, relevant d’un choix politique dû au roi Louis-Philippe. L’obélisque a pris la place d’un monument commémorant la décapitation du roi Louis XVI au même endroit le 21 janvier 1793. Mettre à cet endroit un monument étranger à l’histoire nationale permettait d’éviter les querelles de mémoire.
On peut tout imaginer mais cela paraît peu probable. Ce monument a été offert à la France qui d’ailleurs n’a pris que la moitié du cadeau puisque l’autre obélisque est resté à Louxor. Il faut savoir que c’est seulement en septembre 1981 que la république a officiellement renoncé à cette propriété. En juin prochain, l’obélisque aura retrouvé tout l’éclat de son granit rose. Et il y a tout lieu de penser qu’il ornera encore très longtemps la place de la Concorde.
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !