Enfant du 6e arrondissement de Lyon, l'écrivain Marc Lambron estime que Lyon est une ville double : deux cours d'eau (Rhône et Saône), deux collines (Fourvière et la Croix-Rousse), une ville d'esprit et de religion.
Aujourd'hui membre de l'Académie française, Marc Lambron s'épanouit dans l'écriture. Cet ami de Gérard Collomb a vu au fil des décennies sa ville natale changer de visage. Il le raconte au micro de Version Originale.
Certains l'ont peut-être découvert lors de son discours en hommage à son ami Gérard Collomb, lors des obsèques du maire de Lyon, le 29 novembre 2023.
Même s'il vit exilé à Paris, Marc Lambron reste profondément attaché à ses racines lyonnaises. Né en février 1957 dans le 6e arrondissement, l'académicien a grandi à quelques encablures du parc de la Tête d'Or qui, déjà, nourrit son imaginaire.
Le Parc de la Tête d'Or a été mon biotope : j'allais au lycée du Parc, à la Librairie du Parc, à la Brasserie du Parc... J'imaginais que le roman de Jules Verne que je lisais se passait dans la jungle abritée dans les grandes serres. Il y avait aussi le théâtre de Guignol. Le Parc de la Tête d'Or est un condensé de beaucoup de choses de Lyon.
Lyon est aussi le berceau de son éveil au rock'n'roll, dont il devient un inconditionnel. Pratiquant la batterie dans un groupe de jeunesse, Marc Lambron assiste à de nombreux concerts lyonnais pendant son adolescence : Pink Floyd, Led Zeppelin, The Who, les Rolling Stones. Mais les études supérieures le poussent à quitter sa ville natale pour la capitale : Lycée Henri IV, Ecole normale supérieure, agrégation de lettres, Sciences Po et l'ENA dont il sort en 1985 en choisissant le Conseil d'Etat.
Pendant ses études à l'ENA, un stage à l'ambassade de France à Madrid le projette en pleine movida dans la capitale espagnole. Il en tirera son premier livre, « L'impromptu de Madrid » (1988, Flammarion). Premier roman et premières reconnaissances : le livre obtient deux prix, celui des Deux-Magots et de l’Académie française. Suivront presque une trentaine d'autres ouvrages jusqu'à aujourd'hui, dont L'Œil du silence (1993, Flammarion), consacré à la photographe Lee Miller, qui reçoit le prix Femina.
Marc Lambron écrit aussi sur son frère, emporté par le sida en 1995, à qui il dédicace son premier roman et qui lui a inspiré un récit autobiographique, Tu n'as pas tellement changé, (2014, Grasset).
Quand j’écris, il y a probablement mon frère disparu au-dessus de mon épaule. Pourquoi j’écris ? Probablement parce que je ne sais pas faire autre chose. Et qu’il y a quand même une vieille idée derrière : l’idée de faire son salut ; que le passage laisse une trace. Ecrire, ça veut quand même dire « je suis passé ». Je crois que c’est le sentiment de beaucoup d’écrivains.
Le 26 juin 2014, c'est une forme de consécration pour l'écrivain qu'il est devenu. Marc Lambron entre à l'Académie française, « l’un des EHPAD les plus distingués de France » dit-il avec humour. Le Lyonnais y retrouve « l'idée d’une fraternité d’esprit à une époque où souvent elle se délite, se disloque ».
Un invité se livre dans un entretien long format agrémenté d'extraits sonores, au micro de Jean-Baptiste Cocagne. Le samedi à 17h et le dimanche à 10h.
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