Le Pape François vient d’arriver à Marseille ce vendredi après-midi, où les rencontres méditerranéennes battent leur plein depuis une semaine. Une ville hautement symbolique pour accueillir cet évènement car la cité phocéenne est « la ville, la plus cosmopolite de la Méditerranée », comme aime à le rappeler le cardinal Jean-Marc Aveline. Façonnée par les siècles et les rencontres, cette ville est riche aussi bien sur le plan culturel, gastronomique que linguistique. Ce sont d’ailleurs les amoureux et défenseurs de la Provence qui en parlent le mieux.
La Bonne-Mère, la mer et la Sainte-Victoire. Un paysage de carte postale qui « concentre tout ce qui fait la Méditerranée : une terre de mer et de montagne, avec des paysages façonnés par des cultures maraichères, philosophiques et religieuses », s’émerveille Mireille Sanchez, auteure du livre culinaire Méditerranée. « La Provence, c’est du nectar méditerranéen », sourit-elle. C’est d’ailleurs sûrement pour cela que Marseille est l’une des « principales villes de la Méditerranée depuis 1500 ans », commente Régis Bertrand, historien du cru.
Ce qui est sûr c’est que Marseille est le fruit de mélanges et de rencontres. « La Provence est une zone qui a reçu des influences et a diffusé les siennes à d’autres moments », explique Régis Bertrand, citant notamment l’importation de la culture de l’olivier et de la vigne par les grecs.
La Provence c’est du nectar méditerranéen
S’il y a bien un endroit où l’on ressent toutes ces influences, c’est dans la cuisine. « Les apports des uns et des autres se sont mélangés tout en gardant chacun sa forte présence très forte et ancrée », constate Mireille Sanchez. Impossible par exemple de dire d’où vient réellement le tian marseillais. « Depuis 5000 ans d’histoire, jamais une culture n’a prévalu sur l’autre, malgré des dominations, des envahissements. La Méditerranée a cette particularité unique au monde, c’est qu’elle est plurielle et singulière », s’exclame l’auteure culinaire, qui note également l’influence des trois grandes religions monothéistes sur les traditions de la Provence et plus largement du bassin.
Comme un jeu de vases communicants, Marseille et la Provence se sont, elles aussi, exportées à travers le monde. Le savon de Marseille en est le premier étendard. Mais au-delà de cela, c’est toute la culture provençale (ou presque) qui s’est exportée. Grâce notamment à de célèbres peintres tels que Paul Cézanne et Vincent Van Gogh. Aujourd’hui leurs tableaux représentant les paysages de la Provence et de la Sainte-Victoire plus particulièrement, sont toujours exposés dans les musées de la planète.
Autre objet qui a fait la renommée de la Provence : les santons. Ces statuettes de moulage, donc à exemplaires multiples, sont le fruit de l’imagination de Jean-Louis Lagnel et datent d’un peu plus de deux siècles. « Très vite, il représente toutes les nuances de la société marseillaise de son temps. Il a eu rapidement un grand succès lors de la foire de Noël sur le port de Marseille » relate l’historien Régis Bertrand. « C’est une histoire extraordinaire, dit-il, c’est un des très rare artisanat d’art qui ait créé un métier à temps complet ». Aujourd’hui, nombreux sont les touristes qui repartent avec un santon à placer dans leur crèche ou non.
La transmission est essentielle. Il est important que chacun s’en saisisse mais surtout que chacun ne l’enferme pas
Même la langue provençale a dépassé les frontières. Parlé dans 32 départements de France, le félibrige a même connu son heure de gloire au moment du Prix Nobel décerné à Frédéric Mistral, un illustre auteur et lexicographe de la langue provençale. « Il reçoit le prix Nobel en 1904 pour Mireille (Mirèio) , un livre en langue régionale. C’est important de le dire, car c’est le seul à l’époque ! », insiste Paulin Reynard, capoulié, autrement dit grand maître de l'association Félibrige, qui a pour but de défendre et promouvoir la culture et langue du Pays d’Oc. « Il a été traduit dans le monde entier, ce qui montre quand même l’influence de la langue provençale », se réjouit-il, en ajoutant qu’aujourd’hui encore Frédéric Mistral est étudié, y compris à l’étranger.
Désormais, tous appellent à la « transmission » de cette culture marseillaise et provençale. « Il est important que chacun s’en saisisse mais surtout que chacun ne l’enferme pas. Nous ne sommes pas un musée à ciel ouvert, nous sommes un peuple qui vit avec des traditions mais avec des usages qui évoluent et il est important d’accepter ces évolutions et de vivre avec sans crainte et sans peur », affirme Paulin Reynard. Louis Tighilt est justement un des gardiens de cette culture. Il est l’un des derniers à jouer du galoubet-tambourin, un instrument provençal mêlant une flute et une percussion à jouer simultanément avec les deux mains.
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